Paroles de participants au Forum des services à la personne à Vendôme

Publié le 23 novembre 2023 | Dernière mise à jour le 27 novembre 2023

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Dans le bassin d’emploi de Vendôme (5.4% de taux de chômage en 2022), les prestataires de service à la personne doivent faire face à un déficit de candidats. L’agglomération Territoires Vendômois a organisé le 10 octobre dernier un forum de rencontre avec des employeurs qui recrutent, Pôle emploi, la mission locale, les lycées et organismes de formation pour présenter les métiers du secteur et susciter des vocations. L’occasion de recueillir quelques propos sur le vif délivrés par les participants.

« Avec un taux de chômage bas, la plupart des gens en capacité de travailler sont déjà en poste, donc ceux qui restent sur le marché sont très éloignés de l’emploi. Il y a par conséquent beaucoup de freins à lever, tel que la mobilité, la garde d’enfant, les soins, la formation…
Le Conseil départemental propose des aides, qui permettent par exemple de cumuler RSA et salaire sur les secteurs en tension. A partir d’un certain nombre d’heures mensuelles, l’ADMR propose aussi de laisser un véhicule à disposition du salarié, y compris à titre privé, moyennant une faible contribution. Les recruteurs doivent aussi accepter des gens qui ne collent pas immédiatement au poste. »
Virginie, Chargée de mise en relation recruteur candidat au Département du Loir-et-Cher.

« Je veux devenir moniteur éducateur pour travailler avec les personnes en situation de handicap. Le besoin est important, nous laissons souvent les personnes handicapées de côté. Cela m’attire beaucoup de découvrir leurs pathologies et d’apprendre avec eux. J’ai vécu plusieurs expériences auprès d’handicapés, dont une personne de quatorze ans dans mon cercle privé qui ne pouvait pas contrôler et coordonner ses membres. Je me suis intéressé à elle, au grand étonnement de ses propres parents, et j’ai appris à la connaître. J’encourage tout le monde à intégrer ce lycée, le besoin est énorme. »
Matthew, 15 ans, élève au lycée Sainte Cécile à Montoir.

« Je voudrais commencer par être infirmière dans l’armée, et ensuite m’orienter vers la petite enfance en hôpital. C’est instinctif, j’ai besoin de soulager les autres. Depuis toujours, si je vois un enfant qui se fait mal, je me précipite pour le soigner. »
Annouck, 16 ans, élève au lycée Sainte Cécile à Montoir

« Nous nous efforçons de donner de l’attractivité à ces métiers, en commençant déjà par augmenter les salaires et en donnant des gratifications. Nous proposons aussi des contrats à la carte et des primes d’horaires décalés, avec un jour de repos fixe. Mais il est difficile de trouver un public qui veuille bien s’engager pour les seniors. Il s’agit avant tout d’un métier de passion et il faut accepter de travailler le samedi et le dimanche. Nous sommes un peu dépitées de voir qu’une proposition en CDI n’est plus un argument de nos jours. Nous deux venons de la grande distribution et des travaux publics, mais c’est dans ce métier que nous nous sentons vraiment utiles. Humainement, c’est très enrichissant. »
Angélique, Directrice adjointe et Allison, Responsable équipe ménagère chez APEF

« L’avantage est que nous proposons un planning en fonction des disponibilités des candidats. Nous adoptons les horaires à leur vie privée ou à leur autre activité professionnelle. L’idée est que les employés s’épanouissent dans leur mission. Notre difficulté est de recruter en zone rurale, beaucoup de clients sont en liste d’attente. »
Maelle, Responsable de secteur chez Shiva.

« J’ai été assistante maternelle agréée pendant 15 ans et je veux me reconvertir dans l’aide à la personne ou l’aide médicale. Avec la régie de quartier, nous avons la possibilité de faire des stages, ce qui nous permet de savoir si nous sommes faits pour ce métier ou s’il faut changer de voie. Après les portes ouvertes de l’ADMR, je suis venue ici pour conforter mon choix. Pour moi, le partage avec les autres est très important. »
Christelle, 50 ans, en reconversion.

« J’ai travaillé en tant qu’agent hospitalier en maison de retraite, avant de me diriger vers les collectivités comme aide cuisine. Après quelques problèmes de santé, j’ai repris les rênes avec Lina à la régie de quartier et je veux me réorienter vers le service à domicile en tant qu’auxiliaire de vie. J’ai passé des tests avec Pôle emploi et je suis venue pour rencontrer de futurs employeurs. Je pense avoir trouvé celui qui me convient. »
Véronique, 59 ans, en reconversion.

« Je m’intéresse à chaque personne. Inutile d’envoyer quelqu’un qui ne va pas bien ou qui n’a pas réglé quelque chose - une mauvaise image de soi ou un problème social - vers un travail. Parfois, il s’agit seulement de redonner confiance. Inviter la personne à se regarder avec toutes ses valeurs, cela permet le déclic. »
Lina, Chargée de médiation en entreprise à la Régie de quartier.

« Souvent, le jeune qui est sorti du système scolaire arrive chez nous et tourne autour de l’aspect professionnel, mais on se rend très vite compte qu’en réalité le problème se situe plutôt au niveau social. Harcèlement scolaire, manque de diplôme, méconnaissance des métiers, difficultés financières… Nous devenons parfois les confidents de la détresse, c’est pourquoi un jeune est suivi par le même conseiller pendant tout son parcours, qui peut durer de six mois à quatre ans. »
Laurent, Directeur de la Missions locale.

« En ce moment, nous sommes au complet, mais en début d’année, nous avons eu beaucoup de difficultés à recruter. Nous avons donc communiqué via les réseaux sociaux et dans les boites aux lettres des halls de HLM, pour atteindre les gens éloignés de l’emploi. Puis nous avons participé au petit déjeuner de l’emploi de la ville de Vendôme et enfin nous avons revu tous nos prescripteurs. 20% de nos effectifs sont au RSA, ensuite viennent les travailleurs handicapés, les très jeunes, les seniors et les chômeurs de longue de durée. C’est très varié, mais en ce moment, nous avons beaucoup de personnes de plus de 50 ans, qui sont davantage au chômage. »
Laurence, Responsable AVADE Vendôme.

"Entre l’illettrisme, les gens malmenés par le travail ou ceux qui sont simplement au chômage, cela provoque parfois de grosses boules d’appréhension qui freinent tout. Le petit problème est devenu grand et il faut détricoter tout ce qui a servi à le masquer. Je travaille sur des ateliers qui servent à détecter l’habileté et les qualités des gens, sans se soucier de leur passif. Je leur demande par exemple pour un poste d’auxiliaire de vie de mettre des vignettes imagées décrivant des tâches à effectuer dans le bon ordre, ou de choisir une réaction face à un problème donné. Cela permet à des entreprises telles que Vuitton de recruter sans CV".
Claire, Service entreprise Pôle emploi.

Propos recueillis par Laurence Boléat.