Un permis de conduire "sur mesure", tremplin vers l’emploi
Publié le 9 janvier 2019
Depuis 1965, l’association berruyère « Accueil et promotion » œuvre au quotidien pour l’intégration et l’insertion des publics en précarité. Son action est concentrée autour de l’accès aux droits pour les immigrés, la formation linguistique et aux savoirs de base pour adultes ainsi que l’accompagnement à la scolarité dans les quartiers de la politique de la Ville.
Une pédagogie spécifique
Depuis 2016, l’association a intégré un nouveau service : une auto-école associative, pour répondre aux besoins de publics pour lesquels l’absence de mobilité peut être un véritable frein à l’emploi, la formation, l’insertion... « Nous avions essayé plusieurs projets de partenariats pour répondre à cette problématique", explique Sophie Noc Farrera, directrice d’Accueil et promotion. "Mais il fallait une réponse pédagogique spécifique, qui corresponde aux personnes que nous formons, souvent en grande difficulté, souvent très éloignés des pré-requis nécessaires à la réussite de l’examen. »
Depuis le printemps 2015, les résultats sont probants. « Nous avons fait passer notre centième permis il y a quelques mois, et beaucoup d’autres personnes ont déjà obtenu leur code. Grâce à cela, certains confortent leur emploi, d’autres en trouvent... »
« Nous proposons 80 h de cours collectifs avec un enseignant de la conduite et de la sécurité routière pour la préparation à l’examen du code ; 50 % des stagiaires l’obtiennent dès la première présentation. Pour la conduite, nous proposons un forfait de 50 h et la durée moyenne de la formation se situe aujourd’hui autour de 57h, avant l’obtention du permis. »
Éviter toute concurrence déloyale
80 places sont ouvertes chaque année. « Ce dispositif est destiné aux personnes pour lesquelles le permis est le dernier frein à lever pour accéder ou sécuriser un emploi », poursuit Sophie Noc Farrera. Car en effet, ce permis de conduire - qui revient entre 200 € à 530 € par personne (forfait de base), selon les aides dont elle peut bénéficier – est accessible uniquement sur prescription (par Pôle Emploi et les Missions locales, entreprises d’insertion par l’économique...), et les candidats sont soumis au préalable à un diagnostic dans le véhicule et à une évaluation de tests cognitifs.
« Il était important de ne pas créer une concurrence déloyale aux auto-écoles traditionnelles », assure Grégory Ferra, directeur adjoint de l’Unité départementale 18, de la Direccte qui cofinance cette auto-école associative. Les autres contributeurs au projet – Conseil régional, Conseil départemental, Ville de Bourges, Pôle emploi – siègent aussi, pour certains, dans la commission d’éligibilité des candidats.
Bourges, et maintenant Vierzon
A noter que ce projet a bénéficié d’une subvention du Commissariat général à l’égalité des territoires et que la Direccte a également aidé au déploiement de ce dispositif sur le bassin de Vierzon, avec le concours de la communauté de communes Vierzon Sologne Berry et de la Ville. « Nous avons réussi à mobiliser des entreprises du territoire engagées dans des politique de responsabilité sociale et environnementale (RSE), autour d’actions de mécénat bénéfiques à cette auto-école associative », conclut Grégory Ferra. L’association, quant à elle, travaille autour d’une plate-forme de mobilités, pour favoriser d’autres moyens de déplacements : location de cyclomoteurs, garage associatif, transport en voiture à la demande via des salariés en insertion…