Les professionnels de l’insertion se rencontrent pour mieux coopérer
Publié le 9 janvier 2019 | Dernière mise à jour le 15 janvier 2019
Près de 120 professionnels ont participé à cette journée d’échange initiée par la Direccte. Tous représentaient une des nombreuses structures bénéficiant de financement du ministère du travail et ayant en charge de l’insertion professionnelle des demandeurs d’emploi : Pôle emploi, missions locales, Cap emploi, entreprises adaptées, structures de l’insertion par l’activité économique (SIAE), groupements d’entreprises pour l’insertion et la qualification (GEIQ), sans oublier l’école de la 2ème chance et le club régional d’entreprises pour l’insertion (CREPI).
_ En introduction, Pierre Fabre, directeur de l’unité d’Indre-et-Loire de la Direccte, a tenu à préciser l’ambition de ce séminaire. « Le but est qu’à la fin de la journée, chacun d’entre vous ayez une meilleure connaissance des missions et prestations réalisées par chaque structure. En effet, nous devrons tous à l’avenir travailler ensemble de manière plus collective au bénéfice de nos publics, et notamment intensifier nos démarches envers les entreprises. Par ailleurs, le « Plan pauvreté » et le Plan d’investissement dans les compétences (PIC) promus actuellement par le gouvernement constituent pour nous tous des opportunités supplémentaires que nous nous devons de saisir ».
« On ne s’improvise pas recruteur »
Laurent Duclos, chef de projet en ingénierie de parcours au ministère du travail est intervenu en préambule aux débats. En s’appuyant sur des études statistiques, il a présenté les principales évolutions du marché du travail, marqué par l’explosion de contrats de plus en plus courts et l’essor du nombre d’actifs alternants périodes d’emploi et de chômage. Il a aussi expliqué les différents stratégies d’accompagnement mobilisables pour les demandeurs d’emploi.
« Pour recruter, trop d’entreprises ne jugent encore aujourd’hui que sur le niveau de formation des candidats et non sur leurs compétences réelles » observe L.Duclos. « C’est un vrai problème et cela pénalise les personnes non diplômés qui constituent la grande part des publics dont vous vous occupez. Cela montre aussi qu’un bon patron n’est pas forcément un bon employeur et que l’on ne s’improvise pas recruteur. Or, bon nombre de patrons de TPE ou de petites entreprises n’acceptent pas, lorsqu’ils en ont les moyens, de déléguer leur recrutement à un prestataire. Pourtant, ce sont eux qui en auraient le plus besoin ».
Co-construire ensemble des solutions
Pour favoriser une plus grande interconnaissance des structures entre elle, des ateliers ont donné aux participants l’occasion de présenter leurs structures ainsi que leur offre de services en s’appuyant sur des cas pratiques. Exemple : « Isidorette, au chômage depuis 2 ans, a du mal à retrouver un travail seule. Elle connaît peu le réseau des entreprises locales et a besoin d’un accompagnement social ».
_ Un directeur d’une entreprise adaptée cite ainsi l’expérimentation du « CDD tremplin » (prévue par l’article 74 de la loi « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel ») qui permet à une personne handicapée d’acquérir durant 24 mois une véritable expérience professionnelle. Les « Période de Mise en Situation en Milieu Professionnel « (PMSMP) ont été aussi fréquemment mentionnées. Celles-ci offrent la possibilité aux « jeunes et aux employeurs de se découvrir mutuellement » note une directrice de mission locale. « Nous, on s’appuie beaucoup sur les contrats de professionnalisation « remarque le directeur d’un GEIQ dans le BTP. « Nos entreprises sont prêtes à investir et à former nos publics et souhaitent ensuite les garder. Résultat : 70% de nos salariés sont embauchés au final en CDI ou en CDD de plus de 6 mois ».
Développer les contacts en entreprises
Les débats de l’après-midi se sont focalisés sur les relations que les structures d’insertion entretiennent avec les entreprises. Comment s’y prendre pour développer son portefeuille d’entreprises partenaires et renouveler ses pratiques en matière de placement de demandeurs d’emploi ?
« Sur le département, parmi les 34 structures d’insertion par l’activité économique (IAE) que nous fédérons, une seule d’entre elles dispose d’un véritable poste de commercial en charge de la prospection d’entreprises » observe Céline de « Touraine Insertion ». « Sinon, ce sont les conseillers en insertion professionnelle (CIP) qui démarchent eux-mêmes les employeurs ».
« Pour notre part, on s’appuie beaucoup sur nos fournisseurs et nos entreprises clientes » indique la responsable d’un chantier d’insertion. « Parfois aussi, Pôle emploi nous envoie un employeur prêt à accueillir un de nos salariés en voie de réinsertion. Sans oublier les conseils départementaux qui nous signalent les clauses d’insertion existantes dans des marchés publics liés à des chantiers locaux ». La directrice d’une mission locale indique que sa chargée de mission « entreprises » réalise régulièrement une veille avec le concours des chargés de développement économique des inter-communalités.
Mieux partager les informations
Autres sources de contacts avec des employeurs potentiels : les journées portes-ouvertes organisées chaque année par la plupart des organismes en charge de (ré) insertion professionnelle de même que les évènements type « Markethon » lors desquels des demandeurs d’emploi font du porte à porte en équipe et démarchent ainsi directement toutes les entreprises d’une zone d’activité ou d’un quartier.
Au final, il semble que tous les professionnels de l’insertion gagneraient à renforcer leurs liens avec Pôle emploi et à partager davantage leurs informations sur le tissu économique de chaque bassin d’emploi.
Pour clôturer la journée, Pierre Fabre a félicité tous les participants pour leur contribution active. « Une synthèse des ateliers sera effectué et nous souhaitons restituer la teneur des débats et propositions issus de ces premières rencontres devant les organisations syndicales et patronales début 2019. Car je constate que trop d’entreprises méconnaissent encore l’offre de service des SIAE, entreprises adaptés ou même des missions locales. Il convient donc de mobiliser les partenaires sociaux qui sont à même de promouvoir l’engagement des entreprises en faveur de l’inclusion ».