« Beaucoup d’entreprises ont déjà initié des actions en faveur de l’emploi et de l’inclusion »

Publié le 25 novembre 2019 | Dernière mise à jour le 25 octobre 2021

  • Envoyer a un ami
  • facebook twitter
En juillet 2018, le Président de la République lançait l’opération « La France, Une Chance pour tous » que le Haut-commissaire à l’emploi déploiera via le plan national « 10 000 entreprises s’engagent pour l’inclusion ». Son but est d’inciter les entreprises à s’engager dans des actions concrètes favorisant l’accès ou le retour à l'emploi de toute personne en difficulté d’insertion professionnelle. Entretien avec Daniel Coutinho, animateur du club des entreprises inclusives du Loiret qui incite les entreprises Loirétaines à rejoindre cette dynamique nationale.

Pour favoriser l’essor du plan « 10 000 entreprises s’engagent », des clubs départementaux d’entreprises inclusives se sont constitués partout en France. En région Centre-Val de Loire, 4 clubs ont été constitués depuis Janvier 2019 en Eure-et-Loir, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher et dans le Loiret [1].
Dans ce dernier département, le club a été créé le 04 Juillet dernier, et la Charte instituant la création du club des entreprises inclusives a été conclue le 21 octobre dernier entre le Préfet du Loiret et Daniel Coutinho, animateur bénévole du club.
La Charte énumère les 12 types d’actions (voir encadré ci-dessous) ainsi que le PAQTE (Plan Avec les Quartiers pour Toutes les Entreprises) pour lesquelles les entreprises, volontaires pour rejoindre le club, peuvent choisir de s’engager.
Elle précise les missions du club qui devra organiser des réunions périodiques « afin partager les bonnes pratiques, promouvoir les actions des entreprises adhérentes » mais aussi suivre leur bonne mise en œuvre. Elle indique enfin le rôle de la Direccte chargée de faciliter le déploiement du club en l’informant sur les aides et dispositifs existants en matière d’emploi et sur les acteurs locaux intervenant dans le domaine de l’insertion professionnelle.

Entretien avec Daniel Coutinho

Direccte : Quel est votre parcours professionnel et qu’est ce qui a motivé votre candidature au titre de « Leader » du club des entreprises inclusives du Loiret ?
Daniel Coutinho : Je suis cadre depuis une vingtaine d’années dans une entreprise industrielle de l’agglomération Orléanaise, et j’ai occupé successivement différentes fonctions dans le domaine de la logistique, des achats et du management. J’ai eu ainsi l’opportunité de recruter et d’encadrer de nombreux stagiaires et apprentis. A travers ma pratique professionnelle, j’ai pris conscience des difficultés auxquelles devaient faire face les jeunes pour entrer sur le marché du travail.
Mon envie de pouvoir contribuer sur le champ de la réussite et l’orientation professionnelle s’est concrétisée par la création en 2018 de l’association « Premiers 2 cordée » que je préside. Notre ambition est de faire découvrir aux élèves de collèges, de lycées mais aussi aux jeunes suivis par les missions locales, la réalité des entreprises et des métiers existant aujourd’hui.
Nous sollicitions ainsi des dirigeants, managers ou collaborateurs d’entreprises, qui viennent témoigner de leur parcours et de leur quotidien professionnel, et également partager leur parcours de vie. Nous réalisons une vingtaine d’interventions par an sur Orléans Métropole, et dans les territoires à Sully, Montargis…
Par ailleurs, j’ai toujours été intéressé par les parcours d’entreprises pour pouvoir entre autre mieux cerner leurs facteurs de succès ou d’échecs. Il y a 3 ans, j’ai animé une émission intitulée « Ma Boîte Dans La Boîte » sur Radio Campus -la radio de l’université d’Orléans - émission qui ensuite a été diffusée sur le web via OrléansTV. C’était l’occasion de faire découvrir des profils originaux d’entrepreneurs orléanais et leur stratégie d’entreprise.

Concrètement, qu’avez-vous entrepris pour favoriser la mise en place de ce club ?
DC : J’ai été informé par la presse de la création du 1er club départemental des entreprises inclusives sur la région, le 2 avril dernier à Blois, et me suis dit que c’était le moment d’agir. J’ai pris contact avec les deux chargées de mission « emploi et territoires » de la Direccte qui m’ont expliqué en détail les enjeux et les objectifs d’un tel club. J’ai ensuite visité une trentaine d’entreprises (dans un premier temps des grands groupes, des ETI ou grosses PME) pour leur présenter l’ambition du club et la plus-value que leur engagement en son sein pourrait leur apporter.

Quelle a été la réaction des dirigeants que vous avez rencontrés ?
DC : Tous ont très bien réagi globalement et beaucoup étaient déjà engagés dans des actions en faveur de l’emploi sur leur territoire. Qu’il s’agisse d’accueillir des jeunes en stage ou en apprentissage, des demandeurs d’emploi en difficulté dans le cadre d’une immersion pour découvrir des métiers ou encore de soutenir l’insertion de personnes handicapés, de réfugiés ou d’habitant des quartiers (QPV), la palette d’actions est large. La bonne nouvelle est qu’une majorité de mes interlocuteurs voient leur intérêt de mutualiser et de valoriser leurs bonnes pratiques au sein du club. D’autant que la plupart se heurtent à des difficultés de recrutement. J’ai donc bon espoir de faire signer la charte d’engagements à une dizaine d’entreprises d’ici la fin de l’année.

Avez-vous des contacts avec d’autres Présidents de club en France ?
DC : Oui, le ministère du Travail nous a convié le 4 octobre dernier à un séminaire d’échanges avec d’autres Présidents de club d’entreprises inclusives et avec des responsables des Direccte. Les discussions ont été très riches et cela m’a donné des repères et des idées pour développer le club sur le Loiret.

Précisément, quels sont vos projets pour 2020 ?
DC : Je compte poursuivre mes échanges avec tous les acteurs de l’emploi. J’ai déjà rencontré bon nombre d’acteurs institutionnels (Pôle emploi, missions locales, agences d’emploi…) et ai participé à des Comités de développement de l’emploi (CODEVE) sur les bassins d’Orléans, de Pithiviers, du Montargeois. J’entends à l’avenir dialoguer avec les organisations professionnelles qui pour la plupart sont déjà impliquées dans des actions souvent innovantes. Je dois rencontrer ainsi prochainement des représentants de l’UDEL (MEDEF) et de la CPME.
Par ailleurs, je prévois en 2020 d’organiser des temps d’échanges entre toutes les entreprises du club afin qu’elles puissent partager leurs actions et identifier les facteurs de réussite ou de blocage. Et puis aussi s’approprier les spécificités de chaque dispositif public existant en faveur de l’emploi et découvrir l’offre de service de chaque acteur institutionnel. Bref, la feuille de route est dense mais l’enjeu de l’inclusion est plus que jamais d’actualité et je suis persuadé qu’une croissance durable des territoires nécessite d’associer étroitement développement économique et cohésion sociale.
Tous mobilisés !
Propos recueillis par Pierre DUSSIN

Ecouter l’interview de Daniel Coutinho du 28 novembre 2019 sur France Bleu

Les 12 types d’actions possibles prévues par la Charte

1. Stages de 3ème pour les jeunes des QPV
2. Contribution à l’orientation et aux « parcours avenir » de découverte de l’entreprise
3. Accès de tous les jeunes à l’apprentissage et à l’alternance
4. Réalisation de parrainages
5. Accompagnement et recrutement de jeunes issus de parcours d’insertion (E2C, EPIDE, Garantie jeunes …)
6. Partenariats renforcés avec les réseaux de l’inclusion (accompagnement, formation, recrutement)
7. Accompagnement et recrutement de personnes handicapés ;
8. Accompagnement et recrutement de réfugiés (programme Hope…)
9. Formation et insertion dans l’emploi de personnes (dont jeunes) placées sous main de justice
10. Mise en place de démarches innovantes en faveur de « l’emploi/inclusion »
11. Participation au développement de l’offre d’insertion par l’économique (clauses sociales marchés publics, politique d’achats responsables, ….)
12. Engagements pour l’accès solidaire aux produits et services (alimentation, énergie, eau…)

Notes

[1Toute entreprise intéressée pour rejoindre ces clubs peut d’ores et déjà contacter le référent départemental du club via l’unité départementale de la Direccte