Cher : le maintien dans l’emploi, une priorité
Publié le 17 juin 2016 | Dernière mise à jour le 30 juin 2016
« Le maintien dans l’emploi est l’une de nos priorités dans le Cher » rappelle Jacques Roger, directeur de l’Unité Départementale du Cher, dans son discours d’ouverture. Il souhaite, avant tout, que cette réunion permette aux entreprises (CHSCT) d’obtenir des informations utiles sur les outils et les acteurs qui agissent contre la désinsertion professionnelle.
Le département du Cher en chiffres
Les médecins du travail sont au cœur de cette problématique, comme le souligne le Médecin inspecteur régional du travail, Bernard Arnaudo. Ces derniers sont, notamment, en charge de délivrer les avis d’aptitude suite aux visites médicales.
En 2015, dans le Cher, sur les 22 500 avis prononcés, 700 étaient des avis d’inaptitude (3%). Un résultat légèrement supérieur à la moyenne nationale qui est d’environ 2%. De plus, 1 000 salariés ont obtenu des avis d’aptitude avec restriction, 900 des avis d’aptitude avec aménagement de poste, 400 des avis d’aptitude à temps partiel thérapeutique et 400 autres nécessitaient des soins ou un arrêt de travail. Pour B. Arnaudo, cela fait donc « 2 700 avis dont l’objectif était de contribuer au maintien dans l’emploi des salariés ». A noter que dans 42% des cas, l’inaptitude est liée à des TMS (Troubles Musculo -Squelettiques).
Ce sont dans les entreprises de moins de 50 salariés que le plus grand nombre d’inaptitudes est prononcé. Le premier secteur concerné est celui de l’agriculture, suivi par celui du BTP, de l’agroalimentaire, de l’action sociale et enfin des transports.
La représentante du service social de la Carsat (Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail) ajoute que le total des journées payées en prestation maladie était en augmentation de 0,8% dans le Cher en 2014. Il a également été prescrit ou renouvelé, en moyenne, 3 700 arrêts mensuellement, qui « concernaient environ 22 500 assurés ».
Lutter pour le maintien en emploi
B. Arnaudo rapporte que « 95% des inaptitudes se soldent par un licenciement » au niveau national. En 2014, « près de 64 000 nouvelles inscriptions à Pôle Emploi » résultaient de cette décision. Le médecin ajoute que les salariés déclarés inaptes sont « surreprésentés parmi les chômeurs de longue durée » et que le risque de décès est 3 fois plus élevé pour un chômeur que pour un actif du même âge. Quelles sont alors les solutions pour lutter contre la désinsertion professionnelle ?
Pour J. Roger, ce maintien s’effectue en premier lieu par le biais de la prévention des risques professionnels. Cette démarche s’appuie sur différents principes comme « adapter le travail à l’Homme » ou encore « tenir compte de l’évolution technique ».
Le CHSCT (Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail) a aussi un rôle essentiel à jouer. En effet, il s’agit de l’un des premiers interlocuteurs du salarié dans ce domaine. La loi (L4612-11) précise, par ailleurs, que le CHSCT doit être « consulté sur les mesures prises en vue de faciliter […] le maintien au travail des accidentés du travail, […] et des travailleurs handicapés ».
Les acteurs du maintien dans l’emploi sont nombreux : médecins du travail, ergonomes, assistantes sociales, Sameth (Service d’Appui au Maintien dans l’Emploi des Travailleurs Handicapés), MDPH (Maisons Départementales des Personnes Handicapées), Agefiph, etc. Les procédures sont néanmoins longues et compliquées dans la recherche et la mise en place de solutions adaptées. B. Arnaudo rappelle que « le diagnostic de la situation passe très souvent par une visite de pré-reprise, dont l’intérêt est essentiel pour une détection d’un handicap et une mise en œuvre précoce ».
D’autres solutions existent, comme le contrat de rééducation professionnelle en entreprise (CRPE). Ce dispositif a, par exemple, aidé Roger Perrot, 56 ans et handicapé depuis 37 ans. Il s’agit d’un CDD, de 3 mois à un an, conclu entre la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) et la MDPH. Soumis à l’accord de la DIRECCTE, ce contrat permet au Travailleur Handicapé de se former en entreprise afin de se réaccoutumer à l’exercice de l’ancienne activité professionnelle, ou d’apprendre un nouveau métier.
« Si on ne travaille pas, on n’existe pas », explique R. Perrot. Un témoignage qui souligne l’importance du maintien dans l’emploi et qui permet à l’assistance de réaliser que « nous avons tous un rôle à jouer » afin de le faciliter.
Alix Werthauer