Chanter Carmen pour reprendre confiance

Les répétitions hebdomadaires des choristes amateurs étaient animées par Malika Bellarbi, mezzo-soprano qui a une longue expérience de la promotion du chant et de l’opéra dans les milieux populaires. Née elle même dans les bidonvilles de Nanterre, elle a mis au point depuis des années une méthode d’apprentissage des techniques vocales et scéniques adaptée à des néophytes. Sa notoriété est telle qu’elle a été surnommée "la diva des quartiers".

Plafond de verre culturel

"En tout plus d’une centaine de personnes en précarité ont participé plus ou moins régulièrement à ces répétitions hebdomadaires et, au final, une trentaine d’entre eux ont choisi de s’impliquer dans la préparation du spectacle via des week-ends intensifs de formation" explique Emmanuel Barbier, délégué départemental du Secours Catholique 45. "Dans un contexte où certaines activités culturelles sont devenues un luxe pour nombre de personnes en situation de pauvreté, nous avons voulu à travers ce projet "chanter pour vivre ensemble" briser le plafond de verre culturel pour réduire les inégalités d’accès aux diverses formes d’expressions artistiques".

Un engagement de chacun

De gauche à droite : Emmanuel Barbier, délégué départemental du Secours catholique 45 et Véronique Carré, directrice régionale de la DREETS CVL

"Au sein des choristes amateurs, il y avait 1/3 de bénévoles, 1/3 de personnes confrontées à la précarité et 1/3 de personnes qui ne faisaient pas partie des publics cibles des associations caritatives mais qui nous ont rejoint pour rompre leur solitude ou leur isolement" témoigne la coordinatrice du projet au sein du Secours catholique du Loiret.
"J’ai moi même participé à une des répétitions avec les choristes dirigés par Malika Bellaribi" indique Véronique Carré, directrice régionale de la DREETS CVL qui a vivement félicité tous les participants au projet en introduction du spectacle au côté du Président du Secours catholique. "Ces séquences, précédées d’un déjeuner préparé et pris en commun avec Malika et sa troupe, montrent que l’art et la culture sont vecteurs de lien social et d’insertion sociale. Favoriser leur accès aux personnes en situation de précarité permet de retrouver l’estime de soi et de développer des compétences d’expression et de savoir-être, la représentation de ce soir en est l’illustration."

Entraide et bienveillance

De fait, durant toute la représentation, les choristes ont fait preuve d’une parfaite maîtrise de leur déplacement sur cette grande scène qu’ils n’avaient pu découvrir que la veille. Beaucoup d’émotions étaient perceptibles dans leurs regards et leurs gestes et l’on sentait une grande complicité entre eux. A n’en point douter, ils ne sont pas prêts d’oublier cette première expérience scénique. "Indéniablement, cela n’a pu que leur redonner confiance en eux" affirme Emmanuel Barbier. "C’était bien notre ambition initiale : développer le pouvoir d’agir de personnes souvent prisonnières de leur condition précaire et ainsi leur donner la force de se battre au quotidien et de surmonter leurs obstacles !".