Plein succès pour la journée régionale « J’ACT silice »
Publié le 18 avril 2024 | Dernière mise à jour le 29 avril 2024
« Les statistiques de l’Assurance maladie font état d’une hausse en 2019 de 14% des maladies professionnelles liées à la silice cristalline » précise d’emblée Nadia Rolshausen, cheffe du Pôle Travail à la DREETS qui a initié cette journée avec le concours des partenaires du Plan régional santé au travail.
- Nadia ROLSHAUSEN, responsable du Pôle Travail à la DREETS
En France, près de 400 000 salariés sont exposés à la silice cristalline selon l’enquête SUMER. Santé publique France évalue pour sa part à près de 1 million le nombre de travailleurs concernés. Or, les effets sur la santé de ce minéral peuvent être particulièrement graves et invalidants, notamment avec la silicose et des cancers bronchopulmonaires. « Le délai entre la première exposition et l’apparition de la maladie peut aller de quelques semaines pour la silicose aiguë à 20 ans ou plus pour la silicose simple » précise Gilles Levéry, médecin du travail à l’APST 37. « Il est donc essentiel que les salariés potentiellement exposés à l’inhalation de ces poussières bénéficient bien dès leur arrivée dans l’entreprise des équipements de protection individuelle et collective mis en place par leur employeur et du suivi médical renforcé tel que prévu par la loi » poursuit N. Rolshausen. Pour mémoire, les apprentis ou stagiaires exposés doivent être examinés par la médecine du travail tous les ans pour les mineurs et tous les 2 ans pour les majeurs.
([Retrouvez sur cette page le compte rendu des ateliers de la journée, 6 interviews vidéo de participants, ainsi que les travaux des élèves et étudiants ayant participé au "Défi Silice")]
Bien accueillir les nouveaux salariés
Tel était le thème de la table ronde introductive de la journée animée par l’ARACT. « Nous avons dû il y a un an recruter un nombre important de nouveaux collaborateurs et à cette occasion, avec l’appui de l’APST 18, nous avons formalisé à leur attention un parcours de prévention » explique Alison Cassar, responsable HSE et ergonome chez CAMBOUR, une manufacture de joaillerie à Saint-Amand-Montrond (Cher). « Après un premier accueil collectif, chaque chef d’îlot accompagne individuellement les salariés dont il a la charge. Nous leur remettons des documents sous forme papier et numérique qui leur présentent toutes les consignes de sécurité à adopter. Nous envisageons d’utiliser aussi bientôt la réalité augmentée pour les sensibiliser aux risques car nous avons déjà recours à cette technique pour nos apprentis ».
- Les élèves et étudiants participants au "Défi Silice" répondent en live à un Quizz.
Dans le secteur de la construction, un livret d’accueil du salarié a été élaboré par la Fédération française du bâtiment (FFB) du Cher à l’attention de ses 280 entreprises adhérentes, dont 80% ont moins de 10 salariés. « Ce livret est en ligne et est adaptable par chaque entreprise » indique Emmanuelle Villa, secrétaire générale de la FFB 18. « Nous organisons aussi des ateliers collectifs. Les employeurs peuvent ainsi témoigner de leur propre pratique ou difficultés et nous les aidons à élaborer ensemble un livret d’accueil répondant à leurs besoins ».
Jeanne Guiot, ingénieur-conseil à la Carsat Centre-Val de Loire présente pour sa part la démarche TutoPrév’ mise en place par l’INRS et l’Assurance maladie - Risques professionnels. Celle-ci vise à s’assurer que les nouveaux embauchés en entreprise soient capables, en situation de travail, de repérer les dangers et d’analyser les risques associés afin de proposer des mesures de prévention adaptées. « 15% des accidents du travail graves et mortels surviennent dans les 3 premiers mois de la prise de poste » observe-t-elle. « Rendre acteur de la prévention les nouveaux arrivants est donc primordial ! ».
Sous-déclaration des maladies professionnelles
« Dans les travaux publics, on part de très loin car il y a encore 20, 30 ans, la mentalité prédominante était de dire : si tu te protèges, tu n’es pas un homme ! » se rappelle Frédéric Mau, secrétaire fédéral CGT ayant 36 ans d’ancienneté chez Vinci-routes. « Heureusement aujourd’hui, la conscientisation des risques progresse et les jeunes ont moins cette culture viriliste. Pour éviter les poussières, on arrosait les camions qui sortaient des carrières de cailloux, mais désormais, avec le réchauffement climatique et la raréfaction de l’eau, cette pratique est en passe d’être prohibée ».
« Je pense que les messages de sécurité doivent passer dès l’apprentissage » remarque quant à lui Jean-François Fournial, élu CGT mandaté chez Eiffage. « Il faut avoir le courage de signaler un risque à son chef de chantier, et notre entreprise encourage ce type d’alerte. Pour les poussières de silice, la maladie, on ne la voit pas apparaître tout de suite et on constate de réelles difficultés à la faire reconnaître en tant que maladie professionnelle (MP) ». Difficultés confirmées lorsque l’on sait qu’entre 2015 et 2019, l’Assurance maladie a indemnisé 59 cancer broncho pulmonaires liés au tableau 25 des MP (affections dues à la silice cristalline) dont 5 seulement pour l’année 2019. Pour Santé Publique France, ces chiffres montrent un décalage important par rapport au nombre de cas estimés et illustrent la sous-déclaration des maladies professionnelles.
Des trophées « Défi silice » remis aux élèves et étudiants
- L’enseignant avec 3 de ses élèves, de la section BTS "Fonderie" du Lycée Henri BRISSON de Vierzon, lauréate du "Défi Silice"
Afin de sensibiliser les jeunes à la prévention des risques, il avait été proposé à plusieurs établissements d’enseignement de faire participer leurs élèves à un « DEFI Silice » lancé à l’occasion de cette journée. Il s’agissait, avec l’aide de leurs enseignants, d’illustrer par une création graphique, audiovisuelle, voire une œuvre d’art, une action de prévention ayant pour but de réduire l’exposition à la poussière de silice dans le métier auquel ils se destinent. Finalement 4 classes de lycéens/étudiants ont accepté de participer à ce défi et sont venues présenter leur création en fin de matinée : la section carrelage des compagnons du tour de France à La Chapelle St Mesmin -45-, les élèves préparant le bac professionnel « prothésiste dentaire » au Lycée Victor LALOUX de Tours, les étudiants en BTS « industries céramiques » au Lycée Henri BRISSON de Vierzon et ceux en BTS « fonderie » de ce même Lycée. Ce sont ces derniers qui se sont vus délivrés le trophée de lauréat. Le public a pu découvrir avec enthousiasme la qualité des travaux exposés sur scène : un escape Game numérique, une planche de bande dessinée en forme de dépliant, et même de véritables œuvres d’art : une fresque sous forme de carrelage et une série de 4 visages en métal fondu par les élèves eux-mêmes !
- La création artistique lauréate du "Défi Silice" réalisée par les étudiants en BTS "fonderie"
Des contacts noués et des perspectives prometteuses
Les professionnels étaient invités à participer l’après-midi à une série de 3 ateliers ayant pour objet l’approfondissement des démarches de prévention à mettre en œuvre, notamment au regard du risque « poussières de silice », les « règles d’or pour accueillir un jeune en sécurité » ainsi que « l’importance de la relation entre tuteurs et leurs apprentis ou stagiaires ».
A noter que tout au long de la manifestation, les participants ont pu visiter les nombreux stands installés par les organismes de prévention et des fabricants d’équipements.
« Cette journée témoigne d’une belle mobilisation des entreprises, des jeunes et des préventeurs et ouvre aussi des perspectives en matière de prévention du risque chimique notamment silice sur la région » a conclu Sabrina Rousselle, responsable adjointe du Pôle Travail à la DREETS, en charge du pilotage du Plan régional santé au travail (PRST). « Nous allons poursuivre le travail avec tous nos partenaires du PRST et travailler en particulier sur un parcours d’intégration de nouveaux arrivants en s’inspirant de l’ensemble des éléments recueillis au cours de la journée ».