L’Etat et la Région se mobilisent pour l’insertion professionnelle des étrangers primo-arrivants
Publié le 18 avril 2023 | Dernière mise à jour le 8 octobre 2024
- Stagiaires étrangers primo-arrivants en parcours d’insertion HOPE à l’AFPA d’Olivet (45)
« L’objectif de ce contrat territorial d’accueil et d’intégration » (CTAI) est de conjuguer les compétences de l’Etat et celles du Conseil régional pour accélérer l’accès à l’emploi, pilier de l’intégration, de ces étrangers primo-arrivants et répondre ainsi aux besoins de recrutement de nombreuses entreprises confrontées à des pénuries de main d’œuvre » déclare Hocine HADJAB, chef adjoint du Pôle Cohésion sociale à la DREETS qui a participé à l’organisation de ce premier séminaire (voir programme).
Les « primo-arrivants » sont des ressortissants de pays tiers à l’Union européenne, titulaires depuis moins de 5 ans d’un titre de séjour. Dès l’obtention de leur statut, ils sont engagés dans un parcours d’intégration qui passe par la signature du Contrat d’intégration républicaine (CIR) (voir encadré ci-dessous).
Ce CTAI visera plus particulièrement les jeunes de moins de 25 ans et les femmes « bénéficiaires de la protection internationale » (BPI) car ces dernières ont des difficultés accrues d’accès à l’emploi avec un taux de chômage de 30% (Source : DESD/ELIPA 2019) bien que près de la moitié d’entre elles aient suivi des études supérieures dans leur pays d’origine.
Parcours d’intégration sans couture
A ce sujet, Éric BLOND, Président de l’Université d’Orléans, rappelle qu’un guichet d’accueil des étudiants d’étrangers a été créé en lien avec la Préfecture sur le campus de la Source et qu’un diplôme universitaire « passerelle » leur permet sur un semestre d’améliorer leur niveau de français et d’apprivoiser les codes culturels spécifiques à la France dans le but d’intégrer plus facilement le marché du travail.
« Nous ne sommes qu’au début d’un mouvement de flux migratoire qui va sans doute à l’avenir s’accélérer avec la crise climatique » indique Didier AUBINEAU, directeur régional délégué de la DREETS. « Nous nous devons d’accueillir au mieux ces réfugiés en leur proposant des parcours d’intégration sans couture. Cela implique de prendre en compte différents sujets (Accès au logement, accès aux droits…) et, s’agissant de l’emploi, de mobiliser l’expertise de la Région qui est compétente en matière de formation professionnelle et qui est donc à même de leur faciliter l’acquisition des compétences professionnelles attendues par les entreprises. J’espère que d’autres collectivités signeront prochainement avec l’Etat un CTAI, à l’instar de la Région, car nous avons besoin de la mobilisation de tous pour réussir l’insertion durable de ces étrangers primo-arrivants dans notre tissu économique local. »
- François BONNEAU, Président du Conseil régional et Didier AUBINEAU, Directeur délégué de la DREETS Centre-Val de Loire signataires du CTAI
Un contrat d’accueil et d’intégration structuré en 6 axes
1. Favoriser l’apprentissage linguistique à visée professionnelle
« 72% des primo-arrivants valident un niveau de langue A1 définit par le CECRL (Cadre européen commun de référence) mais c’est insuffisant le plus souvent pour accéder à l’emploi » remarque Hocine HADJAB. Le Conseil régional s’engage donc à mobiliser à leur attention son offre de formation de droit commun permettant d’atteindre les niveaux A2 et B1. De plus, il formera les organismes de formation à bien accompagner ce public au regard de sa spécificité.
2. Valoriser les compétences et favoriser l’accès à la qualification
Le Conseil régional mobilisera pour les « primo-arrivants » l’offre de service proposée par les espaces « Validation des acquis de l’expérience » (VAE) en complément des dispositifs existants de l’Etat. Ces espaces les conseilleront et les accompagneront dans leur démarche de reconnaissance de leurs compétences acquises et d’accès à la qualification.
3. Favoriser l’accès à la formation professionnelle et à l’emploi
Le Conseil régional s’engage à mettre en place des actions de Développement de l’emploi par des formations inclusives (DEFI) au bénéfice de 96 étrangers primo-arrivants par an (2 actions par an et par département). Dans ce dispositif, les employeurs locaux coconstruisent la formation à partir de leurs besoins, sélectionnent les candidats en amont de l’action de formation, accueillent les stagiaires en immersion dans leur entreprise et s’engagent à les recruter (en CDI ou CCD de 6 mois ou plus) à l’issue de l’action.
4. Lever les freins à la formation et à l’emploi
S’agissant des freins à la mobilité, les plates formes de mobilité solidaires seront associés à chaque DEFI : financement de 2 roues ou de voitures sans permis aux stagiaires dépourvus de moyens de transport. Les jeunes pourront se voir financer leur permis de conduire dans le cadre de leur formation (dispositif COMBO parfait). Pour la garde des enfants au cours de la formation, la Région s’efforcera d’apporter des solutions appropriées et complémentaires à celles proposées par les Conseils départementaux et l’Etat dans le cadre du service public de l’emploi et de l’insertion (SPIE).
5. Créer et professionnaliser un écosystème d’acteurs de la formation et de l’accueil/intégration des migrants primo-arrivants
La Région et l’Etat s’engagent à favoriser l’interconnaissance et la professionnalisation de ces acteurs afin qu’ils soient à même de bien orienter et accompagner les étrangers primo-arrivants dans leur parcours de formation. Cela passera par des journées d’acculturation réciproque des 2 réseaux d’acteurs. Le séminaire organisé le 23 mars dernier à l’Université d’Orléans est la première journée qui démarre ce cycle de professionnalisation.
6. Valoriser les actions d’intégration et les parcours réussis…
…via des supports et actions de communication adaptées : vidéos, interviews et témoignages recueillis pour le web et les réseaux sociaux.
Un chargé de mission dédié à l’animation de ce Contrat régional d’accueil et d’intégration va être recruté pour suivre la bonne avancée de ces 6 axes prioritaires et faire le lien entre tous les acteurs impliqués dans la mise en œuvre de ce contrat.
Le témoignage d’ACM Formation
Cet organisme de formation, basé à Orléans La source, connait bien le public « primo-arrivants » et les structures locales d’insertion par l’activité économique (SIAE) dont bon nombre font face à des pénuries de main d’œuvre, notamment dans le secteur des services à la personne. A la demande de la DDETS du Loiret et de la Région, il a conçu un parcours de 13 semaines de formation linguistique intensives (30 heures par semaine) réparties en 7 modules dédiés à la vie professionnelle et à la vie quotidienne. 17 stagiaires (dont 14 étrangers primo-arrivants) ont pris part à la dernière session et ont pu découvrir via des périodes en immersion les cinq SIAE partenaires d’ACM Formation.
« Je suis syrien et suis en France depuis mars 2022 » témoignage Jaouad. « J’ai suivi la formation en français d’ACM Formation et maintenant je suis salarié del’association Le Tremplin ». Cette structure, située à Saint-Pryvé-Saint-Mesmin dans la banlieue d’Orléans, est spécialisée dans la collecte, le tri et la valorisation des déchets (textiles, cartons…).
« Je suis arrivé en France en 2019 et j’ai fait un stage découverte à SOLEMBIO qui m’a embauché » précise pour sa part Fidel. L’association SOLEMBIO anime un chantier d’insertion par le maraîchage biologique. Les légumes récoltés sont distribués sous forme d’abonnement à des paniers bio hebdomadaires ou en vente directe sur le lieu de production.
Le CIR est signé par tous les étrangers primo-arrivants dès le début de leur parcours d’intégration. En le signant, ils s’engagent à respecter les principes et valeurs de la société française et de la République et à suivre avec assiduité les formations qui leur sont prescrites, en fonction de leurs besoins, par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFFI) à l’issue d’une session d’accueil individualisé proposée à chaque étranger primo-arrivant.
Ce dispositif comprend les étapes suivantes :
• un entretien personnalisé avec un auditeur de l’OFII permettant d’évaluer les besoins de chacun, de prescrire des formations et d’orienter vers le dispositif ad’hoc en fonction de chaque situation individuelle ;
• un test linguistique écrit et oral réalisé à l’OFII pour connaître le niveau de français de la personne ;
• une formation linguistique, si nécessaire, dont les besoins et la durée sont définis en référence au niveau de langue A1 ou A2 du cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL) ;
• une formation civique de 4 journées d’une durée totale de 24 heures. Y sont présentés notamment les principes et valeurs de la République, l’écosystème de l’offre de santé, de logement, les obligations en matière de parentalité et de scolarité, les codes comportementaux relatifs à la vie professionnelle…
• un entretien de fin de parcours.