"Agir pour la mixité des métiers contribue à réduire les difficultés de recrutement"
Publié le 13 juin 2024
La DDETSPP de l’Indre pilote un projet partenarial destiné à agir sur la mixité des métiers. Quelle en est la raison ?
Laurence Colin, déléguée départementale aux droits des femmes et Catherine Barrault, Cheffe du service Territoires et Entreprises de la DDETSPP de l’Indre : Les secteurs les moins mixtes sont les secteurs où les employeurs expriment le plus de difficultés dans leur projet de recrutement. Les tensions de recrutement se sont accentuées depuis la mi-2021. A l’été 2022, plus de 60% des entreprises faisaient état de difficultés pour embaucher, soit un peu plus du double de 2015*.
Agir collectivement pour la mixité peut être une solution face aux difficultés de recrutement. C’est ce qui a conduit la Direction Départementale de l’Emploi, du Travail, des Solidarités et de la Protection des Populations, à créer un collectif d’ambassadeurs et d’ambassadrices, composé de différents partenaires acteurs de l’emploi et de l’éducation : ADIE, CAP EMPLOI, CPME, CD SIAE, DSDEN, FOL, MFR de la Brenne, PLES, Région CVL, UMIH et autres organisations professionnelles...
Concrètement de quoi s’agit-il ?
LC et CB : Dans un premier temps, les équipes de la DDESTPP se sont attachées à faciliter l’interconnaissance entre les acteurs. Dans un deuxième temps elles ont fédéré ces ambassadrices et ambassadeurs autour d’un plan d’actions pluriannuel co-construit. Parmi les actions, on peut citer la rédaction d’un référentiel pour mettre en lumière les actions et les outils existants en matière de mixité dans l’Indre ; l’organisation d’une journée de sensibilisation aux stéréotypes, aux préjugés et à la discrimination, créée sur mesure par le CORAH (Comité Opérationnel de lutte contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Haine anti-LGBT+) destinée à acquérir un langage commun en abordant les thématiques (de nos représentations aux préjugés des autres, état des lieux du sexisme en France, discriminations : une loi, des politiques publiques...). Nous avons également créé un évènement dans l’évènement (atelier ludique et participatif adapté au public) animé par l’ARACT et la Ligue de
l’enseignement, destiné à être mobilisé lors de manifestations locales (par exemple la Soirée d’été CPME, Secrets de Fabrique, Village entreprises, Made in 36, Forum RH...).
Enfin une réflexion est menée avec l’Education Nationale pour se projeter dans la mixité des métiers dès le plus jeune âge et dans les établissements du 1er et 2nd degré. Il est essentiel de montrer des modèles féminins dans des métiers dits masculinisés et vice-versa, de favoriser la culture de l’égalité notamment au travers des pédagogies.
L’Aract CVL est associée à ce projet territorial. Pour quelle raison ?
Audrey Richez, chargée de mission à l’ARACT Centre-Val de Loire : L’Aract CVL travaille sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes depuis de nombreuses années, en soutenant des démarches inter-entreprises.
Dans ce projet indrien, il nous a semblé intéressant d’aborder la question de l’égalité professionnelle par le premier facteur de risques (déterminant du travail) qui, nous le savons bien, alimentent les inégalités professionnelles. Nos divers travaux nous ont permis d’identifier les moments clés où se joue la mixité dans l’entreprise : le recrutement/ l’intégration, la formation/ la gestion des parcours professionnels, la rémunération/l’évolution professionnelle, les conditions de travail dont l’équilibre des temps de vie sans oublier la communication interne et externe (un des leviers du sentiment
d’appartenance et de la reconnaissance des équipes à une entreprise en partageant des valeurs communes), d’analyser les impacts d’une absence ou d’une insuffisance de mixité sur le collectif de salariés, les situations de travail et l’organisation du travail.
Les causes des inégalités sont multifactorielles et dépassent le milieu de l’entreprise. L’entreprise a un rôle à jouer mais elle n’est pas la seule. En devenant ambassadeurs et ambassadrices, les acteurs et actrices du territoire (entreprises, couveuses d’entreprises, services de l’emploi...) ont pris des engagements concrets, d’agir pour les autres mais aussi dans leur entreprise, leur structure, leur organisation syndicale.