Reclassement des élus du personnel via l’acquisition d’une certification
Publié le 19 juin 2019 | Dernière mise à jour le 24 juin 2019
Parce que tous les élus d’anciennes instances du personnel (délégués, comité d’entreprise, CHSCT) ne pourront ou ne voudront pas intégrer le CSE (Conseil social et économique) qui fusionnera ces instances à partir du 1er janvier 2020, le ministère du Travail a négocié avec les syndicats de salariés un dispositif qui facilite leur reclassement professionnel. Cette certification des compétences, qui sécurise le parcours professionnel de toute personne justifiant d’au moins un mandat complet, constitue un véritable atout pour acquérir une nouvelle qualification et évoluer professionnellement. Elle vise, par équivalence directe avec une partie d’une certification professionnelle existante, à créer des passerelles vers des métiers qui ne sont pas nécessairement les métiers d’origine des mandatés.
6 blocs de compétences identifiés
« Pour mettre au point ce dispositif d’accompagnement, des ingénieurs nationaux de l’AFPA [1] ont réalisé des enquêtes de terrain auprès de mandatés pour cerner les activités et compétences développées dans le cadre d’un mandat, explique Christine Beugin-Mialon, manageure Ingénierie et Certification à l’AFPA Centre-Val de Loire. A partir de là ils ont identifié six blocs de compétences (voir encadré ci-dessous) et construit des certificats de compétences professionnelles (CCP) transférables, c’est-à-dire équivalant à tout ou partie de titres professionnels délivrés par le ministère du Travail. Un positionnement individualisé permet d’analyser ses compétences et de voir si elles correspondent à l’un ou l’autre des 6 blocs de compétences ».
Un parcours de certification de 3 mois
_ A ce jour, sur 17 personnes reçues par Christine Beugin-Mialon et deux autres consultantes de l’AFPA, seules 3 se sont engagées dans le parcours de certification (3 mois), qui comprend un entretien de positionnement sur leurs compétences et projets, et 5 ateliers collectifs (5 à 6 personnes) de préparation à l’examen qui valide la certification acquise. Cet examen prend la forme d’une présentation d’une production écrite de 2 à 4 pages devant un jury composé d’un mandaté syndical expérimenté et d’un professionnel du titre visé, puis d’un jeu de questions-réponses. « Une fois son CCP validé, le mandaté doit demander à la Direccte un livret de certification qui lui permet de valoriser sa réussite pour initier, s’il le souhaite, un parcours de formation complémentaire permettant l’acquisition du titre professionnel complet, indique Christine Beugin-Mialon. C’est donc un dispositif qui a vraiment du sens pour construire une trajectoire de reconversion ».
Ce que confirment Emmanuelle, déléguée syndicale, et Nicolas, conseiller prud’hommal, bénéficiaires du dispositif. « Depuis plusieurs années, je désirais changer de profession pour me diriger vers un métier de gestionnaire de paie, témoigne Nicolas. Après la cessation d’activité de mon entreprise, l’occasion s’est présentée de faire valoir mes acquis et d’entamer ma reconversion professionnelle avec une certification valorisant une ou plusieurs compétences acquises. Le CCP que j’ai choisi, « Suivi du dossier social d’entreprise », est transférable en deux temps : premièrement assurer la tenue et le suivi du dossier social d’entreprise, puis assurer la production de la paie et élaborer des données de synthèse. Je suis très satisfait d’avoir pu me lancer dans cette procédure de certification ».
"J’ai beaucoup apprécié ce travail de retour sur soi"
« Mon choix s’est porté sur le CCP « Mise en œuvre d’un service de médiation sociale », qui me semble être le plus en lien avec mon métier d’animatrice socio-éducative et mes mandats syndicaux, explique Emmanuelle. Ecouter, comprendre, passer du dire au faire sont des savoir-faire et savoir-être indispensables pour mener au mieux mes missions , tant sur le champ professionnel, que syndical. Oser parler de ce que l’on fait en tant que syndicaliste, en disant « je », est un challenge, tout comme prendre le recul nécessaire pour mieux penser à son avenir. J’ai beaucoup apprécié ce travail de retour sur soi pour amorcer le travail de rédaction. Je n’en suis qu’à mes premiers pas dans ce dispositif, mais suis très satisfaite de mes échanges avec mes référentes AFPA, disponibles, à l’écoute, sachant vous mettre en confiance et s’adapter à vos besoins. Je dis donc à mes collègues : osez l’aventure ! ».
En région Centre-Val de Loire, l’AFPA s’est fixé pour objectif d’accompagner 50 mandatés en 2019. Il reste donc de la place !
Pour tout renseignement : christine.beugin-mialon@afpa.fr
Notes
[1] Agence nationale pour la Formation Professionnelle des Adultes