Des collégiens en visite chez l’OREAL dans le cadre de la semaine de l’industrie
Publié le 6 décembre 2022 | Dernière mise à jour le 12 décembre 2022
En préambule à cette visite, une séance de préparation avait mis en évidence la difficulté pour ces collégiens de 4ème de citer les domaines de l’industrie, et à fortiori la diversité des métiers qui s’y exercent. Dès l’an prochain, les adolescents devront pourtant choisir entre un lycée général ou professionnel, ou s’orienter vers une filière d’apprentissage. Intimidés mais ravis de sortir de l’environnement scolaire pour découvrir le monde de l’entreprise, ils se sont d’abord pressés dans l’amphithéâtre pour écouter avec attention les explications de Mathilde Pougnant, directrice de l’usine l’Oréal d’Ormes. Ils ont appris que 350 personnes travaillent sur le site pour fabriquer des fonds de teint, des rouges à lèvres, des gloss et du vernis à ongles, au rythme d’un million de produits par jour, vendus dans toute l’Europe. Un exposé pédagogique mené conjointement avec Myriam Rouet-Meunier, secrétaire générale de France-chimie, qui a évoqué toutes les contraintes de l’industrie, de l’hygiène à la sécurité, de la gestion des déchets au contrôle qualité, en passant par la préservation des ressources et la décarbonation.
Visite des chaînes de fabrication
Divisés en trois groupes, les élèves se sont ensuite dirigés vers les chaines de fabrication. Dans une joyeuse frénésie, ils ont découvert les strictes mesures d’hygiène de l’univers du maquillage, vêtus de chaussures de sécurité, de blouses, masques et charlottes. Très attentifs aux consignes de sécurité pour circuler, ils ont observé l’automatisation de la fabrication, du remplissage des flacons à l’emballage, ainsi que le travail du pilote de ligne sur son moniteur. L’occasion de découvrir le cursus d’une jeune salariée, ancienne vendeuse en boulangerie, qui, après une mission d’intérim chez un parfumeur, a décidé de se former pour devenir opératrice de production, soulignant le fait que cela lui avait ouvert « énormément de portes ». C’est d’ailleurs sur ce point que la principale du collège a tenu à insister, expliquant qu’ il était toujours possible de se réorienter, quel que soit le début du parcours professionnel.
Opérateur de production : un poste clé
Parmi les réactions, les collégiens ont manifesté leur surprise en constatant qu’une seule personne pouvait gérer toute une chaine de production et faire face à une multitude de tâches, non répétitives, grâce aux automates qui apportent une grande fiabilité dans les processus. Ils ont aussi retenu la responsabilité importante inhérente à ces métiers, remarquant la concentration requise pour fabriquer un produit de qualité, et conscients des enjeux en termes d’image. Seul bémol, le bruit des machines, heureusement atténués par les bouchons d’oreilles.
C’est d’ailleurs le choix d’une professionnalisation en entreprise qu’a choisi Hugo, jeune diplômé, dans son parcours au sein du groupe l’Oréal. Après un bac pro en alternance pour devenir opérateur de conditionnement, il a passé son BTS en tant que technicien qualité. Attiré par les aspects projet découverts en interne, il s’est ensuite dirigé vers une école d’ingénieur, toujours en alternance. A l’issue de toutes ses étapes, à 24 ans, l’entreprise l’a embauché pour participer à un projet stratégique au niveau mondial. Un exemple particulièrement édifiant des vertus de l’apprentissage, qui laisse le temps de trouver sa voie et permet de gagner en maturité, tout en étant rémunéré.
Une adéquation Ecole-entreprise encore perfectible
Pour autant, de nombreux freins subsistent encore entre le besoin de recrutement et l’embauche réelle des jeunes dans les structures industrielles. Laurent Neveu, référent Région Académique Ecole-Entreprise & Campus pointe du doigt plusieurs contradictions : une frilosité des grandes entreprises à prendre en stage des candidats mineurs, notamment dans la filière bac pro, passage pourtant obligatoire pour obtenir son diplôme. Les raisons invoquées sont diverses : crainte de l’accident, mise à disposition d’un tuteur disponible, manque de temps dédié à la formation, surtout lorsqu’il s’agit de répondre en flux tendu à la demande. Autre sujet, plus sociétal, les compétences comportementales des candidats, appelées aussi « soft kills », qui ne collent pas toujours avec les attentes des recruteurs. Des pistes de travail sur les progrès restant à réaliser, qui nécessitent d’actionner tous les leviers, y compris au sein des familles, pour répondre au besoin attendu de la réindustrialisation.
Laurence BOLEAT