Mobilisation régionale face aux difficultés de recrutement
Publié le 14 janvier 2022 | Dernière mise à jour le 18 janvier 2022
« Ce séminaire s’inscrit dans le cadre de la mobilisation nationale en faveur de la réduction des tensions de recrutement lancée le 27 septembre dernier par le premier ministre et la ministre du travail » précise d’emblée Régine ENGSTRÖM, Préfète du Centre-Val de Loire et du Loiret. Cette mobilisation vise trois priorités :
- Faciliter les reconversions de salariés menacés de chômage vers des entreprises locales qui recrutent. C’est l’ambition du programme « Transitions collectives » dont ont bénéficié déjà 3 entreprises régionales.
- Amplifier l’effort de formation des personnes en recherche d’emploi pour répondre aux besoins des entreprises.
- Et enfin porter une attention spécifique aux demandeurs d’emploi de longue durée en facilitant leur remise en activité, notamment vers des métiers porteurs.
Pour mémoire, en Centre-Val de Loire, plus d’un demi-milliard d’euros ont été investi sur 4 ans (2019-2022) par l’Etat et le Conseil régional dans le cadre du Pacte régional d’investissement dans les compétences avec un objectif de formation de 72 000 personnes, notamment des demandeurs d’emploi pas ou peu qualifiés.
Territorialiser les plans d’actions
Une instruction ministérielle du 25 octobre dernier demande à chaque Sous-Préfet d’arrondissement d’élaborer un plan d’actions, avec le concours de tous les acteurs locaux concernés, en ciblant trois freins au recrutement à résoudre en priorité sur leur territoire. « En Centre-Val de Loire, nous avons fait le choix pour élaborer ces feuilles de route territoriales de nous appuyer sur les comités de développement de l’emploi (CODEVE) » indique Pierre GARCIA, directeur régional de la DREETS. « Instaurés en 2018, ils sont co-présidés par un Sous-Préfet et un élu du Conseil régional. Ils ont fait la preuve de leur efficacité et après une mise en sommeil due à la crise sanitaire, ils doivent être aujourd’hui réactivés ».
Impliquer les entreprises et leurs représentants
L’enjeu est qu’au-delà du service public local de l’emploi (Pôle emploi, missions locales, Cap emploi…) et des représentants des collectivités territoriales (Conseil départemental, EPCI…), chaque CODEVE puisse aussi impliquer tous les acteurs économiques locaux concernés : entreprises, chambres consulaires, branches professionnelles, partenaires sociaux, OPCO…
"La mobilisation des entreprises aux côtés des CODEVE est en effet une condition indispensable à la réussite collective sur le sujet des difficultés de recrutement" précise Stève BILLAUD, chef du Pôle "Economie, emploi, compétences" à la DREETS. "Les entreprises doivent en premier lieu objectiver et rendre visible leurs besoins".
De plus, il existe une large palette de dispositifs mobilisables pour réduire les tensions de recrutement : aides à l’embauche, actions de formation, notamment en situation de travail, aides à la mobilité/hébergement/garde d’enfants pour les demandeurs d’emploi, actions d’immersions en entreprise pour que ces derniers puissent découvrir un métier ou valider un projet professionnel…
Or, toutes ces mesures sont encore trop souvent méconnues par les employeurs locaux. Les CODEVE doivent donc concourir, avec l’appui des fédérations professionnelles ou des clubs d’entreprises, à mieux les faire connaître. « Nous avons tout fait pour susciter l’engagement des partenaires économiques dans nos groupes de travail » confirme Evelyne Poireau, directrice adjointe à la DDETSPP du Loir-et-Cher qui relatait l’action initiée à Blois avec les professionnels de l’hôtellerie et de la restauration dans le cadre de l’opération « A table pour l’emploi ». Pour lutter contre les difficultés de recrutement dans ce secteur d’activité, des accompagnements RH ont ainsi été proposés à plusieurs employeurs soucieux de développer l’attractivité de leurs métiers. Sans oublier des actions spécifiques pour faciliter la mobilité et l’accès au logement des demandeurs d’emploi.
Des actions concrètes et innovantes
En définitive, chaque CODEVE ne devra pas hésiter à sortir des sentiers battus pour lever les blocages tant du côté des employeurs que des demandeurs d’emploi. Et surtout, veiller à ce que l’impact de chaque action programmée puisse être évalué et donner lieu le cas échéant à des ajustements.
Pour mieux appréhender le champ des possibles, tous les participants au séminaire étaient invités à découvrir via des ateliers, 5 actions partenariales locales ayant obtenu de bons résultats : L’action « A table pour l’emploi » évoquée précédemment. La mise en place d’une action de formation « sans couture » au métier d’ambulancier à la demande de professionnels. L’opération « mon emploi près de chez moi » visant à satisfaire les offres d’emploi proposés par tous les EHPAD et les organismes de services à la personne. Une formation-action élaborée à la demande de viticulteurs locaux à la recherche de saisonniers. Et enfin, l’accompagnement dans sa campagne de recrutement d’une entreprise de confection textile qui a décidé en 2021 de relocaliser une partie de sa production.
Un co-pilotage Etat-Région
La DREETS et le Conseil régional auront la charge d’assurer le suivi et l’évaluation des feuilles de routes déployées dans chaque territoire en veillant à favoriser la complémentarité des actions programmées et à mutualiser celles qui auront été particulièrement réussies. « Nous n’avons jamais eu autant de moyens financiers pour mettre en œuvre ce plan de réduction des tensions de recrutement et initier des actions de formation sur mesure » souligne, en conclusion du séminaire, Jean-Patrick Gilles, vice-Président et délégué à l’Emploi, à la Formation professionnelle et à l’insertion au Conseil régional. « Reste sans doute à mieux accompagner les TPE et les petites PME dans l’analyse de leurs besoins en recrutement car dans ce domaine, il y a encore des progrès à faire ».