Industrie : agir contre l’illettrisme, c’est gagner en compétitivité

Publié le 4 février 2022 | Dernière mise à jour le 14 février 2022

L’illettrisme concerne 6 % des salariés en France. Nombre d’entreprises peinent ou rechignent à s’attaquer à cette problématique, source pourtant de dysfonctionnements et de difficultés dans la maîtrise des outils numériques, qui ont des incidences concrètes sur leur performance. Un diagnostic des coûts cachés induits par ces situations permet d’en évaluer l’impact, dans le but de favoriser la formation aux compétences de base des salariés concernés.

Environ 2,5 millions de personnes sont en situation d’illettrisme en France... et beaucoup travaillent. Le secteur industriel n’échappe pas à ce constat. « Mais le sujet reste encore tabou », déplore Alexandre Gacoin, responsable Développement réseau de l’AR2i Centre-Val de Loire. La délégation régionale de l’opérateur de compétences interindustriel (Opco-2i) s’est associée à l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI) et à la Dreets Centre-Val de Loire pour développer une nouvelle approche de la problématique : « Elle consiste à sensibiliser les entreprises en mettant en évidence les coûts générés par ces situations », souligne Alexandre Gacoin.

De 2 % à 6 % de la masse salariale

Pertes de temps, sous-productivité, sur-travail, sur-dépenses, erreurs, défauts de qualité, retards logistiques, dégradation de l’image, problèmes de sécurité, absentéisme… L’illettrisme peut entraîner de nombreux dysfonctionnements qui altèrent la performance globale de l’entreprise. Un premier diagnostic (Evagill) permet de calculer le niveau de risque à partir d’un questionnaire en ligne gratuit et accessible à tous, élaboré par l’ANLCI. « Il s’appuie sur notre connaissance des stratégies développées par ces personnes pour dissimuler leurs difficultés ou contourner les situations qui les mettent en défaut, décrit Jean-Christophe Ralema, chargé de mission coordinateur de l’ANLCI en Centre-Val de Loire. Ces signaux faibles permettent d’alerter sur l’existence possible de situations d’illettrisme. »

Cette prise de conscience peut convaincre l’entreprise de poursuivre la démarche avec un diagnostic sur site, d’une durée de trois à cinq jours selon les cas. « Nous menons une série d’entretiens pour identifier les difficultés rencontrées par les salariés, les secteurs impactés et les conséquences notables puis nous évaluons les coûts qu’elles engendrent, » explique Jean-Christophe Ralema, qui indique un ordre de grandeur : « Les pertes liées aux situations d’illettrisme et aux solutions d’évitement mises en place se chiffrent entre 2 % et 6 % de la masse salariale. »

Des bilans de compétences individuels peuvent être réalisés en supplément, l’enjeu étant de déterminer précisément les compétences de base dont le salarié a besoin à son poste de travail, en tenant compte des évolutions en cours ou prévues : changement de machine, digitalisation, mise en place d’un nouveau process, de nouveaux flux de communication, travail à distance…

Dix entreprises d’ici à fin 2022

Une fois ces diagnostics réalisés sur site, les conseillers AR2i Centre-Val de Loire peuvent alors prendre le relais et accompagner l’entreprise dans l’élaboration d’un plan de formation sur mesure. « Les solutions proposées démontreront non seulement qu’il est possible de remédier aux difficultés des collaborateurs en situation d’illettrisme mais aussi que cela sera bénéfique pour l’entreprise », avance Alexandre Gacoin. Un intérêt multiple donc, qui associe performance, compétitivité, bien-être et qualité de vie au travail.

Dix entreprises industrielles régionales de toute taille peuvent solliciter, d’ici à fin 2022, ce diagnostic financé par la prestation conseil en ressources humaines (PCRH). « Les conditions d’éligibilité seront étudiées au cas par cas », précise Alexandre Gacoin. Et si davantage d’entreprises sont intéressées ? « Nous nous efforcerons de trouver le moyen de les accompagner », rassure-t-il.

Pour en savoir plus :
L’article dédié sur le site de l’OPCO 2i
Le flyer promotionnel du dispositif (à télécharger ci-dessous)
Contactez votre conseiller 2i Centre Val de Loire au 02.36.96.48.00

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