Mieux accompagner les personnes handicapées vers et dans l’emploi

Publié le 18 avril 2019 | Dernière mise à jour le 3 mai 2019

Instauré par la « loi travail » du 8 août 2016, le dispositif d’emploi accompagné (DEA) vise à faciliter l’accès et (ou) le maintien en emploi ordinaire d’une personne en situation de handicap. Celle-ci est « coachée » par un réfèrent unique qui vient aussi en soutien auprès de son employeur afin de faciliter son intégration. Au 1er janvier dernier, une soixantaine de personnes en Centre-Val de Loire avaient bénéficié de ce dispositif, expérimenté depuis fin 2017 en Eure-et-Loir, Indre-et-Loire et dans le Loiret.

Suite à un appel à projets régional, lancé en 2017 et financé par l’ARS, l’AGEFIPH et le FIPHFP, des structures porteuses du dispositif ont été désignées dans ces 3 départements [1]. « Sur notre région, cet accompagnement est réservé en priorité aux personnes souffrant de handicap psychique, de déficience intellectuelle et/ou devant faire face à des difficultés sociales importantes » explique Blandine Burel, chargée de mission à la Direccte. « L’originalité du dispositif est qu’il vient en complément des services et aides déjà existants. Le référent unique de la personne accompagnée établit un rythme de rendez-vous adapté aux besoins de chaque personne suivie. Il l’aide pour sa recherche d’emploi, pour régler ses problèmes du quotidien et la suit ensuite lorsqu’elle intègre un emploi pour sécuriser avec l’employeur sa bonne insertion dans l’entreprise. Il est ainsi amené à travailler aussi bien avec les opérateurs de l’emploi (Pôle emploi, Cap emploi, mission locale) qu’avec un CCAS ou un établissement médicosocial ».
Le dispositif est mis en œuvre sur notification de la Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH) en complément d’une décision d’orientation.

Accompagner vers l’emploi

Mme B., 27 ans, victime d’un traumatisme crânien a intégré le dispositif d’emploi accompagné à l’été 2018. « Mon référent me soutient dans mes démarches professionnelles et administratives » témoigne-t-elle. « Sans lui, cela n’aurait pas été simple ne sachant pas bien me débrouiller toute seule. J’ai pu avec son aide trouver une formation en infographie qui me correspond et j’espère qu’ensuite j’arriverai à trouver un travail ».
« J’ai expliqué les difficultés de Mme B. à ses conseillers de Pôle emploi/Cap emploi et j’ai aussi pris soin de sensibiliser les équipes pédagogiques de son centre de formation à sa lésion cérébrale et à son handicap qui est invisible de prime abord » précise son référent DEA en Indre-et-Loire.
"A l’ESAT, j’ai passé des permis et des CACES mais je n’étais pas complètement prêt pour aller travailler en entreprise à l’extérieur » indique M. V., 28 ans. « Avec l’emploi accompagné, j’ai pu voir quel métier me plaisait avec des stages et des entretiens. J’ai fini une formation que j’avais commencée pour mieux écrire et être mieux à l’oral. Après mon dernier stage chez un viticulteur, j’ai eu une offre d’emploi. Je suis encore en CDD, mais on va aller sur un CDI bientôt ».
Son référent DEA d’Indre et Loire n’en revient pas : « M. V. s’est affirmé au fur et à mesure de l’accompagnement et a énormément gagné en autonomie. Mais il reste fragile vis à vis des démarches administratives et a besoin de se rassurer sur ses compétences. Les contacts téléphoniques sont maintenant plus espacés ; notre position est d’aller à son rythme, de ne pas nous imposer, mais de garder une veille, principalement avec l’employeur ».

Accompagner dans l’emploi

Le dispositif peut aussi être activé pour des travailleurs handicapés en emploi en milieu ordinaire qui rencontrent des difficultés particulières pour sécuriser de façon durable leur insertion professionnelle. Mme M, 40 ans, est depuis 5 ans salariée d’une collectivité d’Eure-et-Loir et s’occupe de l’entretien des locaux d’un collège à l’ouest de Chartres. Elle souhaite aujourd’hui changer de collège pour occuper un poste dans la restauration mais sa demande n’a pas été acceptée. « Avec l’appui de mon référent « emploi accompagné », j’ai pu actualiser mon CV et faire une demande de validation des acquis de l’expérience (VAE) pour obtenir un CAP d’agent polyvalent de restauration » relate-t-elle.
« Avec Mme M. nous nous appelons régulièrement pour échanger sur les avancées de la VAE » confirme sa référente DEA d’Eure et Loir. « Je l’accompagne au GRETA et à des RDV avec son employeur qui lui-même s’investit dans la réussite de son projet VAE en réalisant les photocopies et la plastification de ses documents ».
Mme R, 49 ans, habite au Nord du département du Loiret. Illettrée, elle a réussi à obtenir un emploi aidé (PEC) dans une collectivité rurale grâce à l’appui de son référent DEA du Loiret qui l’a accompagné dans sa recherche d’emploi dès avril 2018. « Ma présence auprès d’elle a été nécessaire durant toute la première semaine d’embauche car j’ai dû créer des procédures et des supports adaptés pour la sécuriser. A plusieurs reprises, elle a failli quitter son poste par manque de confiance. Désormais, cela va mieux et mes interventions ont aussi rassuré son employeur »

Notes

[1Pour le département d’Eure et Loir, le DEA est porté par l’association ADPEP 28 ; Pour l’Indre et Loire, le DEA est porté par l’association ARPS ; Pour le Loiret, le DEA est porté par l’association ASTAF.