Transports routiers : l’émancipation par la formation

Publié le 16 décembre 2016 | Dernière mise à jour le 5 janvier 2017

En 2015, l’Etat (Direccte) et les représentants des employeurs et salariés du secteur du transport ont signé un accord pour optimiser la gestion de leurs ressources humaines. Dans ce cadre, un cycle de formation spécifique a été conçu pour les collaboratrices de dirigeants, avec qui celles-ci sont souvent liées familialement et qui jouent un rôle clef dans la bonne marche de l’entreprise.

Le premier bilan de cette convention ADEC (Action de développement de l’emploi et des compétences), conclue pour la période 2015 -2016, a donné pleine satisfaction à tous les signataires. Elle comprenait trois axes principaux : un volet formation répondant aux attentes des entreprises sur le territoire, un autre autour de la montée en compétences de femmes occupant des postes à responsabilité dans les PME de la région, et enfin un volet conseil en RH, organisation et GPEC.

Etre performantes dans tous les postes

Le second axe (opération « T-Profession’Elles ») était destiné aux femmes qui, bien souvent dans ces PME de Transports, occupent plusieurs postes à la fois… sans pouvoir se former pour autant.
« Le constat dans ces entreprises c’est que, après avoir envoyé les conducteurs sur des formations obligatoires, il reste rarement de budget dédié à la formation des autres collaborateurs », explique Christelle Gasnier, déléguée régionale à l’OPCA Transports et services, qui finance cette opération à 78 % [1]. « L’autre constat, c’est que les femmes qui occupent des responsabilités, très souvent conjointes des gérants, sont multipostes. Il faut qu’elles soient performantes à la comptabilité, dans le management… sans être formées sur tout pour autant. »
La dizaine de formation proposées – sur des thématiques très variées (« L’attitude intérieure positive en toute circonstance », « le management de proximité », « la gestion du temps et des priorités »…) - a été suivie à chaque fois par une dizaine de femmes, dont Christiane Desplanques, de l’entreprise familiale Lantier Transports, située à Saint-Denis-de-Jouhet (36). « Mon mari est gérant, nos trois enfants travaillent dans l’entreprise et nous employons cinq chauffeurs, explique-t-elle. Personnellement, je dois m’occuper de plusieurs secteurs, administratifs et comptables. Une polyvalence obligatoire… »

« Un regard neuf sur nos organisations »

Ces formations ont été pour ces femmes bénéfiques à plus d’un titre. « On revient de ces formations chacune dans nos entreprises les batteries rechargées, avec un regard neuf sur notre organisation. On se voit évoluer au fil du temps, on s’affirme dans nos fonctions, notre parole se libère… Ces ateliers permettent également un échange d’expérience et parfois même de l’entraide entre stagiaires. »
Un sentiment de réussite partagé par Sandra Jacquemin, présidente de l’OPTL (Observatoire Prospectif des métiers et des qualifications dans les Transports et la Logistique) en région Centre Val-de-Loire, partenaire de ce dispositif. « Le dispositif ADEC est le fruit d’une concertation avec les différentes organisations, professionnelles et syndicales. Nous avons travaillé ensemble pour la pérennisation de la profession et cette action a permis de valoriser la place de la femme dans ces entreprises. La concertation s’est poursuivie avec les stagiaires puisque les participantes ont construit collectivement leur programme, suivant leurs attentes. »
Tous les ingrédients étaient donc réunis pour que cette convention soit renouvelée au 30 novembre 2016. « Elle va notamment permettre un autre cycle de formations pour ces femmes », poursuit Christelle Gasnier. « Tout cela va dans le sens de nos missions : sécuriser le parcours professionnel, pérenniser l’employabilité de ces femmes, et permettre leur mobilité interne comme externe. »

Antoine Burbaud

En savoir plus :

Chiffres clefs du secteur

Selon l’OPCA Transports et services, dans la filière "Transports routiers de marchandises et de personnes" en région Centre Val-de-Loire, on recensait, en 2015, 1397 entreprises avec au moins un salarié (et 900 établissements sans aucun salarié). 94 % de ces entreprises ont moins de 50 salariés. Et plus de 90 % d’entre elles n’ont ni DRH, ni responsables de formation.

Notes

[1la DIRECCTE apporte 2 110€ HT d’ADEC

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