Accompagner vers une formation ou un emploi tous les jeunes « décrocheurs » de 16 à 18 ans

Publié le 6 octobre 2021 | Dernière mise à jour le 12 octobre 2021

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En octobre 2020, l’Etat, le Conseil régional, le Rectorat et l’Association des missions locales du Centre-Val de Loire (Amicentre), signaient une convention de coopération afin de mettre en œuvre l’obligation de formation pour tous les jeunes mineurs de 16 à 18 ans, instituée par le décret du 5 août 2020.


Retour sur le 1er bilan annuel d’exécution de cette convention présenté le 27 septembre dernier lors d’un comité de pilotage régional.

Une dynamique ancienne de coopération

Le nouveau cadre règlementaire est clair : tout jeune de 16 ou 17 ans, en situation de décrochage du système scolaire, diplômé ou non, et qui n’est ni en emploi ni en éducation ni en formation, doit se voir proposer un accompagnement personnalisé lui permettant de reprendre une scolarité, de suivre une formation ou d’accéder à un emploi.
Sur ce sujet, tous les acteurs concernés en Centre-Val de Loire, Rectorat (CIO), Conseil régional, Missions locales, CAD (apprentissage)… ont l’habitude de collaborer étroitement depuis plus de 10 ans pour identifier et suivre les décrocheurs scolaires. A titre d’exemple, des sessions d’information sont organisées localement lors de chaque rentrée scolaire via le dispositif « Assure ta rentrée » à destination des jeunes n’ayant trouvé aucune solution de formation.

Forte baisse en 10 ans du nombre de décrocheurs

Résultat : alors que plus de 9000 jeunes mineurs décrocheurs étaient repérés sur la région en 2012, l’on n’en recensait plus que 5513 en septembre 2021. Parmi ces derniers, 3720 s’étaient déjà vus proposer à fin septembre une solution : accès à un emploi ou à une formation initiale ou professionnelle. Reste à ce jour 1793 mineurs avec qui les missions locales, responsables désormais de par la loi du contrôle de leur obligation de formation, tentent de prendre contact pour les remettre dans une dynamique d’accompagnement et d’insertion.
« L’Etat, via la DREETS, a mis à disposition des 20 missions locales de la région, une enveloppe de près de 700 000 euros pour les aider à déployer leur nouvelle mission de contrôle », précise Marika PETIT, responsable du service « Accès et Retour à l’Emploi » à la DREETS. « Grâce aux pratiques anciennes de coopération entre tous les professionnels concernés, nous sommes sans doute une des régions les plus avancées dans la mise en œuvre de l’obligation de formation. Depuis un an, tous les réseaux se sont mobilisés et nous avons formalisé nos modes de collaboration. Des comités techniques de suivi ont été instaurés dans tous les bassins d’emploi ainsi qu’au niveau départemental et régional. Mais je reconnais que les fonctionnalités de nos systèmes d’information restent encore à améliorer pour que les professionnels puissent avoir accès aux informations relatives à la situation de chaque jeune déclaré décrocheur ».

Que dire à un jeune qui refuse l’obligation de formation ?

Autre problème majeur identifié : les cas, encore trop nombreux, où les jeunes concernés demeurent injoignables ou refusent tout simplement d’entrer dans le parcours d’insertion professionnelle et sociale qui leur est proposé.
« C’est à ces situations les plus difficiles qu’il faut que l’on s’attaque aujourd’hui » remarque Jean-Yves DOUCHEZ, commissaire à la lutte contre la pauvreté et représentant la Préfète de région. « Il faut que nous inventions de nouvelles réponses attractives pour les jeunes en situation de rupture ou en voie d’exclusion. Grâce à toutes les mesures déployées via France relance et le plan « 1jeune1solution », nous avons les moyens aujourd’hui d’innover pour offrir des accompagnements encore plus personnalisés. Saisissons cette opportunité ! Par ailleurs, Le Loir-et-Cher a candidaté à un premier appel à projets pour lancer le service public de l’insertion et de l’emploi (SPIE), notamment en faveur des jeunes en difficulté d’insertion professionnelle. D’autres départements s’apprêtent à suivre la même voie. Cela va permettre de développer des collaborations avec les Conseils départementaux qui ont une expertise spécifique à apporter ».

Plus de coopération avec les conseils départementaux

Car si la circulaire d’application de l’obligation de formation indique que les jeunes, faute d’avoir pu être contactés et suivis par les missions locales, devront être réorientés vers les conseils départementaux, elle ne précise pas le rôle précis attendu de ces derniers. «  Les départements doivent faire pleinement partie de l’offre d’accompagnement proposée aux jeunes de 16 et 17 ans » considère pour sa part Eski Ozgur, Président de l’association Amicentre. « Certains conseils départementaux ont d’ailleurs déjà participé cette année à des comités de pilotage locaux et j’ai demandé à rencontrer prochainement les élus de conseils départementaux en charge de l’insertion des jeunes afin d’esquisser de nouvelle pistes de coopération ».
Autre piste de progrès suggérée par Katia Béguin, rectrice de l’académie Orléans-Tours : donner la possibilité à d’ex jeunes décrocheurs ayant réussi leur parcours d’insertion professionnelle de témoigner auprès de mineurs réticents à s’engager dans un tel parcours, voire de les coacher directement via une sorte de mentorat. Si certaines missions locales ont déjà développé ce type de parrainage entre jeunes, sans doute mériterait-il d’être davantage encouragé.