En mission permanente dans le Vendômois
Publié le 8 février 2019 | Dernière mise à jour le 11 février 2019
Le Pacte régional, signé le 22 janvier dernier, « donne clairement la priorité à la formation des jeunes », assure Marika Petit, responsable du service « Accès et retour à l’emploi » de la Direccte Centre-Val de Loire, principal financeur des Missions locales, avec les collectivités territoriales. « L’État peut compter sur les Missions locales pour déployer les politiques à destination des jeunes : le dispositif Garantie jeunes leur est notamment confié et elles ont aussi un rôle à jouer dans l’accompagnement des jeunes vers l’alternance, par exemple. »
En 2018, plus de 40 000 jeunes ont été accompagnées par les Missions locales en région Centre-Val de Loire, dont environ 1100 par celle du Vendômois (41). « Chaque année, nous recensons entre 350 et 400 premiers accueils », précise Laurent Delcoux, son directeur. Ce bassin de vie présente la particularité d’être « le plus vieillissant du Centre-Val de Loire », et de ne pas proposer d’études supérieures, à l’exception de quelques sections BTS.
« D’abord, essayer de retirer ce qui pollue et freine l’insertion du jeune »
Si sur ce territoire très rural et à dominante industrielle, le taux de chômage est situé autour de 7 %, en-dessous de la moyenne régionale, « c’est en partie dû au travail intérimaire, souvent à courte durée », observe Laurent Delcoux. Sa mission locale accueille donc des jeunes qui ne souhaitent ni retourner à l’école, ni en formation. « C’est souvent la première chose qu’ils nous disent. Nous observons une recrudescence de jeunes mineurs, déjà loin de l’emploi, avec parfois une problématique de rupture familiale. Nous essayons de les réinsérer par d’autres biais, des stages en entreprise notamment. Cela peut mettre deux ans : en 2018, plus de 50 % des jeunes rentrés en formation ont été accueillis pour la première fois à la Mission locale en 2016. »
L’accompagnement va donc bien au-delà de l’insertion professionnelle. « Nous travaillons à retirer ce qui peut polluer, freiner, ce qui sera encombrant pour la suite du parcours », résume Christine Gebert, conseillère depuis 13 ans dans le Vendômois. « Un jeune qui rencontre un problème de logement ou de mobilités ne sera pas en capacité d’entendre notre message et démarrer le travail. Nous vérifions donc qu’il est bien assuré, qu’il a une mutuelle, que son environnement est plus ou moins stabilisé. Il est parfois nécessaire de lui faire rencontrer la psychologue clinicienne, qui intervient une fois par semaine chez nous. »
« C’est important, à notre âge, de se sentir considérée comme je l’ai été »
Ensuite, le travail des 6 conseillers de la Mission (plus 3 dédiés au dispositif Garantie Jeunes) « consiste à trouver la bonne orientation, l’accompagner dans ses démarches administratives, lui faciliter des accès, grâce à nos partenariats et réseaux ; nous connaissons toutes les associations, les élus, les structures… ».
Un travail sur-mesure, dont a bénéficié Anais Laroche, qui vient d’entamer la première de ses trois années de formation « assistant de service social » à l’IRFSS de Chambray-lès-Tours (37). Avant cela, un bac, quelques contrats dans des EHPAD, puis une réorientation ratée. Mais surtout des doutes qui s’installent. « J’ai effectué quelques stages et un service civique, avec l’aide de la Mission Locale du Vendômois », explique la jeune femme de 22 ans, originaire de Thorée-la-Rochette. « Ils ne m’ont jamais lâché et croyaient bien plus en moi que moi-même, en me poussant vers ce concours, en me disant qu’il m’était accessible… La Mission a une grande part de responsabilité dans la concrétisation de mon projet. J’y ai trouvé de l’écoute, de l’aide, une proximité. C’est important, à notre âge, de se sentir considérée comme je l’ai été… »
Cet article fait partie d’une série de trois articles sur l’insertion des jeunes éloignés de l’emploi. Relire le premier épisode de la série, surl’École de la 2e chance, et le deuxième épisode sur l’Epide de Bourges-Osmoy.