Ensemble, co-construisons France Travail, notre futur service public de l’emploi !
Publié le 13 décembre 2022 | Dernière mise à jour le 15 décembre 2022
« Aujourd’hui, force est de constater que de nombreuses personnes ont abandonné toute recherche active d’emploi » déplore Thibaud Guilluy. « Il y a urgence à les aider à trouver un chemin qui leur redonnera dignité et autonomie par le travail. Parallèlement, beaucoup d’employeurs font face à des difficultés de recrutement. Il nous faut les inciter à s’ouvrir davantage à tous les talents ».
C’est par ces propos introductifs que le haut-commissaire a lancé le débat en précisant que ces réunions de concertation qu’il mène dans chaque région s’inscrivent dans la dynamique du Conseil national de la refondation et visent, d’ici le début de l’année prochaine, à parvenir à une feuille de route partagée de la réforme. 9 groupes de travail thématiques nationaux [2] ont d’ores et déjà été lancés en parallèle et impliquent toutes les parties prenantes : collectivités locales, partenaires sociaux, opérateurs, acteurs associatifs et acteurs privés.
Une dizaine d’expérimentations seront ensuite conduites en 2023 à l’échelle de plusieurs bassins d’emploi « pilotes » afin de tester sur le terrain les principaux chantiers de la réforme préfigurant les contours de France travail qui devrait voir le jour début 2024.
Des échanges structurés autour de 3 thématiques
Régine Engström, Préfète de région, a rappelé pour sa part l’ambivalence de la situation du marché du travail en Centre-Val de Loire : un taux de chômage certes moins élevé qu’au niveau national mais connaissant de fortes disparités locales (5% à Vendôme et 10% à Montargis) et des jeunes moins diplômés qui quittent la région pour leurs études et souvent ne reviennent pas. Elle a proposé de structurer les échanges avec la salle autour de 3 thématiques :
- Comment mieux repérer et accompagner les publics fragiles ?
- Comment mieux répondre aux difficultés de recrutement des entreprises ?
- Et enfin comment améliorer l’organisation territoriale du service public de l’emploi ?
De nombreux freins à l’accès à l’emploi
« Nous avons des publics dans des situations souvent lourdes et difficiles » a souligné François Bonneau, Président du Conseil régional, qui a tenu à insister sur la nécessité de poursuivre l’accompagnement des demandeurs d’emploi lors des premiers mois d’intégration dans l’entreprise. Et de préconiser des « temps de bienveillance en entreprise pour que les personnes puissent reprendre confiance en elles ».
Au représentant de l’UNSA qui s’interrogeait sur la problématique de la garde des enfants et les moyens humains supplémentaires envisagés pour améliorer l’accompagnement des usagers, le haut-commissaire a confirmé que le service public de l’emploi devra être à l’avenir plus facilitateur pour la garde des enfants, 27% des bénéficiaires de RSA étant des parents isolés avec enfants et qu’une vraie réflexion sera conduite sur les ressources humaines mise à disposition de France travail.
S’agissant des difficultés d’accès au logement social mais aussi d’accès à des stages pour les demandeurs d’emploi en formation mises en exergue par Estelle Cochard, conseillère régionale, Thibaud Guilluy a indiqué travailler avec les bailleurs sociaux sur ce sujet et a rappelé le lancement avec Pôle emploi de la plate-forme « immersion facilitée » qui favorise la mise en contact entre demandeurs d’emploi et plus de 35 000 entreprises référencées au niveau national.
Un fort besoin d’accompagnement RH pour les TPE-PME
Côté employeurs, un paradoxe a été relevé : les TPE et petites PME sont celles qui ont le plus besoin d’être conseillées en matière de gestion des ressources humaines et pourtant ce sont celles qui ont le moins recours à ce jour à Pôle emploi. Cet accompagnement RH est pourtant primordial a affirmé Patrick Ugarte au titre du Medef. Et ce dernier d’observer que les OPCO et les branches sont régulièrement sollicités sur ces problématiques et qu’il convient de travailler davantage sur les compétences de bases des demandeurs d’emploi dont certains sont confrontés à l’illectronisme ou à l’illettrisme.
« Il y a des milliers de conseillers entreprises qui interviennent au quotidien au sein de Pôle emploi, des missions locales, des maisons de l’emploi… » remarque le haut-commissaire à l’emploi. « Sans doute faudra-t-il renforcer la coordination de leur action afin d’éviter notamment les sollicitations récurrentes d’entreprises par plusieurs opérateurs. Je pense aussi que la fonction de tuteur et de maître d’apprentissage devra être mieux reconnue ».
Une gouvernance partagée et un pilotage simplifié
« Nous transformerons Pôle emploi en France Travail pour mettre en commun les compétences de Pôle emploi, des régions, des départements et des missions locales » déclarait Emmanuel Macron en mars dernier. Et de fait Thibaud Guilluy a bien rappelé qu’il ne s’agissait pas avec France Travail de fusionner ou de supprimer des opérateurs mais bien au contraire de mieux coordonner l’action de chacun d’entre eux et de simplifier leur accessibilité pour l’usager via une clé unique. L’enjeu est de partager davantage entre professionnels de l’emploi les informations détenues par chaque opérateur sur les personnes en voie d’insertion ou de réinsertion professionnelle. « Une vraie politique d’interopérabilité des systèmes d’information est à déployer pour créer un commun numérique » indique Thibaud Guilluy. "Il s’agit de permettre à chacun des acteurs d’accéder aux bonnes informations au bon moment du parcours et ainsi simplifier l’accompagnement".
Et de poursuivre en confirmant que la maille territoriale du bassin d’emploi sera bien le « cœur battant de l’action opérationnelle » du futur France Travail, en articulation avec les niveaux supra – jusqu’au national – pour miser sur « interministérialité » et « partenariats ».
En guise de conclusion, Thibaut Guilly a rappelé les enjeux de la réforme : « le défi du plein emploi est à notre portée. Le chantier est important. Il ne sera réussi qu’avec la mobilisation et l’engagement de toutes les parties prenantes ».
En savoir plus :
Professionnels de l’emploi, de la formation et de l’orientation du Centre-Val de Loire,
Voici ci-dessous l’adresse mail sur laquelle vous pouvez envoyer, si vous le souhaitez, vos contributions dans le cadre de la concertation France Travail à la DREETS CVDL : dreets-cvl.pole2ec@dreets.gouv.fr
Vous pouvez aussi répondre à la série de sondages et d’appels à contributions autour de la thématique "communication" et "aller vers" que le Haut-Commissaire à l’emploi et à l’engagement des entreprises propose dans le cadre de la communauté de l’inclusion.
Notes
[1] Membres du Comité régional de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelle : représentants de l’Etat, de la Région, des organisations syndicales de salariés et professionnelles d’employeurs, du réseau consulaire, des opérateurs de l’emploi et des personnalités qualifiées.
[2] Groupes de travail en cours : "Communication et aller vers", "Diagnostic et orientation", "Accompagnement des personnes", "Zoom formation", "Obligations et devoirs", "Services aux employeurs", "Services aux conseillers", "Gouvernance et pilotage", "Numérique".