Filière diesel : cap sur la diversification

Publié le 6 novembre 2019 | Dernière mise à jour le 14 novembre 2019

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Le Centre-Val de Loire étant l’une des deux régions les plus impactées par la baisse des ventes de véhicules diesel, un plan d’actions vise à aider les entreprises à se « dédieséliser » et à diversifier leur activité.

Dix à quinze mille salariés sont en France concernés par les difficultés qui pèsent sur l’automobile en raison de la décélération des ventes de véhicules diesel. En région Centre-Val de Loire, « la cellule d’urgence diesel qui existait en 2018 a été réactivée de manière intense par l’Etat, en partenariat avec le Conseil régional et son agence de développement économique, BPI France,l’UIMM, les concessionnaires automobiles et l’ADEFIM (délégation de L’OPCO2i / OPCAIM) » explique Michel Maréchal, chargé de mission au Service économique de l’Etat en région à la Direccte. «  Il s’agit d’accompagner les entreprises concernées et de mettre en œuvre les actions du plan lancé en mars 2019 par le ministre de l’Economie ».
«  Le Centre-Val de Loire est l’une des deux régions les plus impactées par les problèmes de la filière diesel, poursuit Michel Maréchal. Nous voulons donc aider les entreprises à se diversifier et à développer leur part de chiffre d’affaires sur l’essence, le passage au moteur électrique, voire l’investissement sur des filières émergentes comme l’hydrogène ».

15 entreprises concernées en Centre-Val de Loire

Une cartographie des difficultés du secteur a été réalisée afin de renforcer le suivi individualisé de chaque entreprise impactée. La Direccte porte une attention particulière aux 15 entreprises concernées, situées majoritairement dans le Loir-et-Cher, l’Indre et le Loiret afin d’anticiper les difficultés et éviter des plans sociaux ou fermetures comme celle de l’usine Ibiden, dans le Loiret.
«  A court terme, il n’est pas prévu de fermeture , nous ne sommes pas dans l’urgence, rassure Michel Maréchal. Les entreprises ne veulent pas licencier pour ne pas perdre de leurs compétences. Et la chance de la région est que ses entreprises font de la recherche et développement (R&D), ce qui va faciliter leur diversification ».

Mobiliser en urgence des moyens de formation

«  Ce ne sont pas tant des aides que les industriels réclament, mais des commandes , ainsi qu’ils l’ont déclaré lors d’une réunion à la préfecture de Loir-et-Cher en février dernier », indique Xavier-Louis Régent, directeur de l’ADEFIM, l’Association pour le développement des formations dans l’industrie métallurgique Région Centre. « Suite à la réforme de la formation de septembre 2018, les moyens financiers sont réduits, notamment pour le financement de la formation dans les entreprises de plus de 50 salariés. Toutefois la branche de la métallurgie et l’OPCO2i peuvent encore mettre en œuvre des mesures d’urgence internes à la branche métallurgie, si les entreprises en font la demande ».
La Direccte s’efforce, pour sa part, de promouvoir les mesures d’accompagnement mises en place par l’Etat, en particulier l’appel à projets (AAP) de l’action PIAVE (Projets Industriels d’Avenir), « Innovation et diversification d’entreprises spécialisées dans le diesel ». SIFA Technologies (120 salariés), à Orléans, a ainsi été retenue dans le cadre de cet AAP (voir encadré ci-dessous).

"Les nouveaux moteurs diesel n’ont rien à voir avec les anciens"

«  Nous fabriquons des pièces très techniques, en aluminium, moulées, usinées et assemblées pour l’automobile, explique Patrick Bellity, PDG de SIFA Technologies. Nous sommes le seul fournisseur d’une pièce très complexe pour la première BMW électrique, la BMW I 3, qui permet d’augmenter son autonomie. Depuis 2018, la moitié de notre production concerne la filière diesel, qui a été assommée, risque de perdre des emplois et n’a pas de visibilité sur l’avenir. Une offre véhicules électriques se crée sans qu’existe vraiment une demande en face, alors que le parc de diesel (70 % du parc auto) est énorme et doit se rééquilibrer autour de 50%. Mais le "bashing" qu’il subit fait que l’on est en train de descendre à 30% et ce, au vu de critères mal définis. Les nouveaux moteurs diesel n’ont en effet rien à voir avec les anciens diesel polluants : ils n’émettent plus de particules fines et rejettent moins de CO2 qu’un véhicule essence ! Il ne faut donc pas détruire la filière diesel sans discernement, au moment où la filière électrique n’en est qu’à ses balbutiements. L’avenir est à un mix électrique (en ville), hybride et diesel.
Face à cette situation, SIFA Technologies a proposé au jury PIAVE un projet visant à développer de nouveaux composants en fonderie pour améliorer la diffusion des moteurs électriques et l’autonomie des véhicules électriques, dans la droite ligne de la BMW I 3. Ce projet de R&D, qui va s’étaler sur 24 mois et devrait bénéficier d’un financement PIAVE, pourrait ensuite intéresser les constructeurs et équipementiers, vers lesquels nous communiquerons. C’est donc un projet "start-up" sur lequel nous travaillons, en nous appuyant sur des technologies que nous maîtrisons, dans l’espoir de trouver une autre voie pour compenser la baisse de production de pièces pour le diesel
 ».