Groupement d’employeurs : une solution gagnant-gagnant pour entreprises et salariés

Publié le 23 juin 2023 | Dernière mise à jour le 28 juin 2023

  • Envoyer a un ami
  • facebook twitter
À la suite de l’appel à manifestation d’intérêts (AMI) lancé par la DREETS en janvier 2022 pour accompagner, sécuriser et développer les groupements d’employeurs, neuf projets ont été retenus. Ceux-ci témoignent de l’intérêt porté à ce dispositif qui permet à des entreprises de partager des salariés fidélisés et qualifiés pour répondre à des fluctuations d’activité ou des besoins en compétences spécifiques. Deux des porteurs de projets sélectionnés témoignent des actions qu’ils ont pu engager grâce au soutien financier de la DREETS [1].

Dans le prolongement de la réforme de l’assurance chômage, l’état a souhaité donner un coup de pouce aux entreprises prêtes à proposer des contrats de travail plus durables. Objectif : réduire le recours excessif à l’intérim ou aux contrats de type CDD. Pour ce faire, le gouvernement s’appuie sur les groupements d’entreprises (GE), qui ont certes déjà doublé leurs effectifs salariés au cours des vingt dernières années, mais pour un résultat somme toute encore modeste au regard des avantages offerts.

Concrètement, un GE est une entité juridique sans objectif commercial, créée par plusieurs entreprises d’un même bassin d’emploi. Le GE embauche des salariés en CDI et les met à disposition, des structures adhérentes en fonction de leur besoin. Cela permet ainsi à des TPE-PME de faire face à des fluctuations des activités ou à des difficultés de recrutement. Dans le cadre d’un groupement employeurs pour l’insertion et la qualification (GEIQ), l’idée est identique, à ceci près que les entreprises parient sur le potentiel de personnes en difficulté d’accès à l’emploi à qui elles proposent des contrats, le plus souvent en alternance, associés à des formations qualifiantes adaptées à leurs métiers.

Un double avantage pour l’employeur.

Le groupement d’employeurs 1PACT, créé il y a trois ans à Tours, réunit aujourd’hui 8 entreprises du secteur logistique du territoire, toutes confrontées à la vulnérabilité des contrats de travail, et désireuses d’y remédier. «  Ces entreprises sont rarement en mesure d’absorber un contrat en CDI en raison d’un manque de perspective sur le long terme émanant de leur propre client. Cela les incite à la prudence à l’embauche. A cela s’ajoute un autre problème, celui des volumes traités, aléatoires en fonction des commandes, qui ne nécessitent pas toujours des emplois à temps complet, en particulier sur des postes de préparateurs de commande, de manutentionnaires ou de caristes » souligne Foucauld Rontard, directeur des opérations du GE.

Pour exemple, lorsque les agriculteurs épandent de l’engrais, c’est entre le mois de février et septembre. C’est dans cette période que le logisticien sous-traitant du fabricant a un énorme besoin de personnel, et éprouvera des difficultés à conserver tous ses salariés durant les mois creux. Ainsi, l’autre partie de l’année, les employés seront affectés chez un logisticien dont le pic d’activité est à l’inverse. En passant par le GE, l’avantage est double pour l’employeur : c’est d’abord un vecteur de stabilisation facilitant la fidélisation du personnel pas toujours disposé à quitter le système du contrat court, et c’est ensuite l’assurance de retrouver tous les ans des salariés qui connaissent déjà le fonctionnement de l’entreprise, avec une adaptation beaucoup plus rapide.

Mais la vocation du groupement est avant tout de « déprécariser » une filière. Pour preuve, sur la centaine d’embauches effectuées par 1PACT depuis sa création, une trentaine de salariés sont désormais en CDI chez les entreprises adhérentes. « Notre idéal est de redonner son titre de noblesse à ce travail de logistique qui permet, rappelons-le, de servir l’ensemble de la société » ajoute F. Rontard. Fort de ce succès, 1PACT se déploie aujourd’hui sur toute la région et s’intéresse aussi au secteur de l’industrie.

Pérenniser l’emploi vers les secteurs en tension.

Le GEIQ Aide à domicile Centre-Val de Loire, basé à Orléans et créé en 2012, a bénéficié de l’appui financier de la DREETS en 2022 pour un autre type de projet. Parmi ses adhérents, certains possèdent des services infirmiers ou d’hospitalisation à domicile qui peinent à recruter des aides-soignants. Ce constat a fait l’objet d’une étude qui a conduit à l’élaboration d’un parcours de professionnalisation pour des personnes de tout âge, et en particulier les plus de trente ans, attirés vers le métier d’aide-soignant. « Lorsque nous « sourçons » des candidats, beaucoup ont déjà exercé dans le secteur paramédical et souhaiteraient évoluer pour devenir aide-soignant. Mais s’ils peuvent trouver un financement pour leur formation, comment vivre à côté ? Avec ce contrat de professionnalisation que nous proposons, non seulement les frais pédagogiques sont pris en charge, mais les bénéficiaires sont formés tout en percevant un salaire », explique la directrice, Elisabeth Nigron. Avec ce nouveau contrat, le GEIQ Aide à domicile, employeur « passerelle » dont la vocation est de pérenniser l’emploi, renforce donc ses compétences pour attirer du personnel vers un métier en grande tension de recrutement.

Laurence BOLEAT

Notes

[1Les 9 projets retenus ont été financés par la DREETS pour un montant global de 291.979€