La DREETS soutient les associations d’action sociale et de santé pour améliorer l’attractivité de leurs métiers

Publié le 22 février 2024

L’URIOPSS Centre-Val de Loire, qui fédère 200 associations des secteurs sanitaire, social et médico-social, a proposé à ses adhérents le 9 février dernier lors d’un séminaire un accompagnement visant à construire des actions pour améliorer les conditions de travail et d’emploi de leurs salariés. Cette démarche, qui contribue à réduire les tensions de recrutement du secteur, est financée par la DREETS et bénéficie de l’expertise de l’ARACT et du soutien de l’UDES. Elle complète les initiatives déjà engagées dans le cadre de la convention pour l’attractivité des métiers du grand âge et de l’autonomie avec l’ARS.

Les associations regroupées au sein de L’URIOPSS Centre-Val de Loire emploient environ 21 000 salariés répartis en 7 secteurs : Aide et soins à domicile, protection de l’enfance et jeunes en difficulté, petit enfance, personnes handicapées, personnes âgées, lutte contre l’exclusion/insertion et sanitaire.
La région Centre-Val de Loire est marquée par un vieillissement accéléré, associé à une pénurie médicale et paramédicale particulièrement forte. Dans ce contexte, la question de l’attractivité et de la fidélisation des métiers du grand âge, du social, du soin et des services à la personne se pose avec une acuité d’autant plus préoccupante.
Certes les associations ont déjà mis en œuvre, à des degrés divers et selon des modalités différentes, des actions tant pour favoriser l’attractivité de leurs métiers que pour veiller aux conditions de travail de leurs salariés.
Mais face à la persistance des tensions de recrutement qui fragilisent le bon déploiement de leurs missions, l’URIOPSS et la DREETS, en partenariat avec l’ARACT [1] et l’UDES [2], ont estimé qu’il était nécessaire d’aller plus loin. Ils ont donc élaboré, et présenté le 9 février dernier, une offre d’accompagnement des structures pour répondre aux problématiques spécifiques du secteur : moyens financiers limités, services ressources humaines et supports réduits, fonctionnement impacté par la gestion des urgences liées aux difficultés de recrutement et à l’absentéisme. Ce déficit de personnel accroît lui-même la pression sur les salariés en poste induisant une augmentation de leur charge de travail, ce qui génère souvent des tensions avec les équipes de direction.

De gauche à droite : Elisabeth COLLINEAU (ARS), Isabelle VALROFF (OPCO Santé) et Johan PRIOU (URIOPSS)

7 modules d’accompagnement à la carte

Anouk LAVAURE, directrice régionale de la DREETS

« Les deux conventions que nous venons de signer avec l’URIOPSS visent à aider les associations à lancer de nouvelles actions pour améliorer la qualité de vie au travail de leurs salariés sous l’angle de la prévention des risques professionnels mais aussi d’un management renouvelé » indique Anouk LAVAURE, directrice régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DREETS). "L’URIOPSS leur propose dans ce cadre 7 modules d’accompagnement thématiques (santé-sécurité, qualité de vie au travail, gestion des ressources humaines, organisation et management…) que chaque association pourra activer en fonction de ses besoins. »
Jusqu’à fin 2025, 50 à 70 associations devraient pouvoir bénéficier de cet appui qui s’opérera de manière individuelle ou collective, par petits groupes. Car l’objectif est aussi de favoriser la capitalisation des actions entreprises, les partages d’expériences et les échanges entre professionnels.

Santé, sécurité et conditions de travail

« En 2019, 13% des accidents de travail enregistrés sur la région [3] concernaient le secteur médico-social et l’action social » observe Nadia Rolshausen, responsable du Pôle Travail à la DREETS. « C’est énorme car le poids de ce secteur dans l’emploi est de 7%. Il en résulte un taux de 114,4 accidents de travail avec arrêt pour 1000 salariés qui est plus de 3 fois supérieur à la moyenne observée pour l’ensemble des secteurs d’activité. » Ce constat n’est guère surprenant car déjà en 2017, l’enquête nationale SUMER [4] alimentée par les médecins du travail constatait que les salariés de ce secteur étaient exposés à 4 contraintes majeures : physique (position debout/piétinement, manutention manuelle de charge…), biologique (soins d’hygiène…), chimique (alcool, produits ménagers…) et organisationnelle (risque de rapports tendus avec le public ou les personnes accompagnées).

De gauche à droite : Jean-Philippe BICHON (Avocat), Nadia ROLSHAUSEN (DREETS) et Christelle FAVERGEON (DREETS)

« Par ailleurs, dans le cadre de lacampagne nationale de contrôle du temps partiel initiée en 2023, les inspecteurs du travail ont constaté de nombreux manquements au sein des organismes de service aux personnes  » poursuit N. ROLSHAUSEN. « Des mentions obligatoires ne figuraient pas sur certains contrats de travail, les heures supplémentaires n’étaient pas toujours bien suivies ni payées, bref, tout cela insécurise la relation de travail et pèse sur l’attractivité de ces métiers ».
Pour faire évoluer ces situations, la DREETS et l’URIOPSS proposent donc aux associations quatre modules d’accompagnement dans le champ de la santé-sécurité au travail (SST) :

  • S’engager dans la démarche de prévention des risques
    Il s’agira d’apporter un appui individuel ou collectif aux structures entrant dans cette démarche, soit en mobilisant l’offre de service locale (5), soit en mobilisant les moyens de la convention.
  • Mettre en œuvre des actions effectives pour améliorer la SST
    Le but est de permettre à des associations ayant déjà initier une réflexion et des travaux dans ce domaine d’aller plus loin dans la mise en œuvre effective de plans d’actions.
  • Mutualiser des actions concrètes à l’échelle d’un territoire
    Ex : mutualiser des formations, le recours à des intérimaires, voire créer un groupement d’employeurs.
  • Capitalisation des actions menées en région
    Objectif : favoriser les échanges et le partage d’expériences entre professionnels via quatre temps d’animation par an.

Qualité de vie au travail, GRH et organisation du travail

Sont proposés dans ces domaines trois modules d’accompagnement, basés sur un diagnostic solide de la situation de la structure et permettant la mise en place d’un plan d’action opérationnel :

  • Promotion de la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT)
    Engager une démarche d’amélioration de la QVCT au sein des structures, c’est favoriser la prévention des risques professionnels, accompagner la transformation des organisations, répondre au besoin de sens au travail et favoriser l’engagement et la motivation de ses collaborateurs. Pour ce faire, les 6 leviers de la QVCT seront activés  : organisation et contenu au travail, santé au travail, compétences et parcours professionnels, égalité au travail, dialogue professionnel et dialogue social et projet d’entreprise/management.
  • Construction d’un plan de gestion des emplois et des parcours professionnels (GEPP)
    Il s’agira pour les associations d’adapter leurs ressources quantitatives (effectifs) et quantitatives (compétences) à leurs besoins à court et moyen termes, en tenant compte des évolutions technologiques, économiques, sociales et juridiques.
  • Mise en place d’une organisation de travail adaptée
    Réfléchir aux modalités d’organisation du travail et à leur adaptation aux besoins de sa structure, c’est notamment (re) questionner la durée du travail, les horaires de travail et leur éventuelle flexibilité ou encore le télétravail. Autant de variables d’ajustement sur lesquelles il est possible de jouer pour voir son organisation gagner en efficacité.

Au final, la clé du succès de cette démarche d’appui aux structures de longue haleine (2024-2025) dépendra en grande partie de leur capacité à insuffler en leur sein un dialogue professionnel et social de qualité et fructueux et à s’emparer de cette opportunité.

Notes

[1Agence régionale d’amélioration des conditions de travail

[2Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire

[3Source Carsat

[4Pour la collecte 2016-2017, l’enquête Surveillance médicale des expositions des salariés aux risques professionnels (Sumer) a mobilisé 1 243 médecins du travail ou de prévention qui ont interrogé
26 500 salariés.