Plus de 3000 diplômes d’Etat délivrés en 2022 par la DREETS dans les métiers paramédicaux et du travail social
Publié le 19 avril 2021 | Dernière mise à jour le 26 juin 2023
Stagnation du nombre de diplômés paramédicaux et légère baisse de ceux liés au travail social, tels pourraient être les traits saillants de votre activité en 2022 ?
Stéphane BAZIN : oui c’est exact. Mais il convient de rappeler avant tout que tous ces métiers font face à une réelle pénurie de main d’œuvre et qu’un travail important doit être poursuivi pour renforcer leur attractivité.
Dans le secteur paramédical, c’est notamment le cas du diplôme d’Etat (DE) d’aide-soignant puisque le nombre d’étudiants proposés (au jury) pour ce diplôme par les instituts de formation est en baisse de 6%. Restons toutefois optimistes car ce diplôme vient de monter en qualification, ce qui est un signe de reconnaissance du métier – il est passé du niveau 3 au niveau 4 (Bac ou équivalent) – et pourrait attirer à l’avenir davantage de candidats, voire d’autres profils.
Les autres baisses concernent les manipulateurs radios (-22%), les masseurs kinésithérapeutes (-8%) et les cadres de santé (-8%).
Le nombre de diplômés infirmiers en soins généraux se stabilise quant à lui, après une baisse significative en 2021, conséquence de difficultés pédagogiques liées à la pandémie notamment dans l’accompagnement des étudiants en stage. Mais l’on remarque que les instituts de formation en soins infirmiers sont toujours confrontés à un nombre préoccupant d’étudiants ayant décidé d’abandonner leurs études en cours d’année. Ils étaient encore 66 à avoir décroché en 2022 contre 32 seulement en 2019 avant le COVID.
Le nombre de diplômés du secteur social a diminué pour sa part de près de 13% en 2022. Mais ce reflux est dû notamment aux reports des formations relatives aux assistants familiaux en raison du COVID. On observe à contrario une forte augmentation des diplômés sur des qualifications de niveau 6 (BAC + 3) comme le DE « Assistant de service social » (+18%) ou le certificat d’aptitude aux fonctions d’encadrement et de responsable d’unité d’intervention sociale (CAFERUIS) (+63%). Ces deux diplômes nous conduisent à organiser, en plus des jurys, la soutenance orale d’un mémoire. D’une manière générale, pour chacun des diplômes du travail social, la DREETS pour AF, AES, ASS, EJE, CAFERUIS ; et le rectorat pour les autres, prend en charge la préparation d’au moins une épreuve écrite ou orale. Lorsqu’il s’agit d’une épreuve écrite, nous travaillons en amont avec les centres de formation sur l’élaboration des sujets puis, passé l’épreuve, nous réunissons les professionnels pour la correction des copies dans une salle. Pour chaque copie, il y a toujours une double correction opérée par un professionnel de terrain et un enseignant.
Avez-vous un rôle à jouer en matière de contrôle de la qualité des formations dispensées pour obtenir ces diplômes ?
Stéphane BAZIN : Pour le secteur paramédical, nous intervenons en bout de chaîne en tant que certificateur et donc nous n’intervenons pas sur le contenu pédagogique des formations. C’est l’Agence régionale de santé, avec laquelle nous avons noué un partenariat étroit, qui joue ce rôle et qui est en mesure d’apprécier la qualité des cursus dispensés.
En revanche, pour les diplômes du travail social, c’est nous qui avons la charge de faire respecter le référentiel de formation avec le concours de la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS). Ainsi, lorsque le référentiel du DE « accompagnement éducatif et social » (AES) a évolué en 2021, avec ma collaboratrice en charge de ce diplôme, nous avons informé les centres de formation et présenté la nouvelle maquette pédagogique. C’est le Conseil régional qui délivre l’agrément aux organismes de formation concernés mais il prend soin de nous consulter avant chaque agrément pour la délivrance d’un avis.
Une partie des candidats obtiennent, en totalité ou partiellement, leur diplôme par la voie de la validation des acquis de l’expérience (VAE). Celle-ci semble être très chronophage pour votre service ?
Stéphane BAZIN : Oui mais cette voie d’accès à la diplomation est intéressante, et nous faisons tout pour qu’elle soit reconnue et encouragée car elle est susceptible à terme de réduire en partie les tensions de recrutement. Le gouvernement souhaite d’ailleurs développer la VAE via la réforme en cours (1) qui est en phase expérimentale. Celle-ci se donne comme objectif de raccourcir le délai d’étude de faisabilité de la demande du candidat au regard du diplôme visé et de son expérience professionnelle ou extra professionnelle. L’ambition du gouvernement est à l’avenir de tripler le nombre de délivrance de certifications via la VAE en passant de 30 000 à 100 000 personnes certifiées par an.
Pour l’heure, nous constatons un intérêt croissant pour la VAE pour les DE « aide-soignant » et « auxiliaire de puéricultrice » dans le secteur paramédical et pour les DE AES et CAFERUIS en matière de travail social.
S’agissant de la VAE « aide-soignant », nous avons dû programmer 13 journées d’entretiens au terme desquelles 260 candidats ont été reçus, soit plus du double qu’en 2021. A ce sujet, nous nous sommes mobilisés pour que tous les candidats qui avaient déposé un livret 2 de l’ancien référentiel pédagogique en région Centre-Val de Loire puissent être reçus en 2022 avant que cela ne soit plus possible. Côté travail social, 93 candidats se sont présentés en 2022 à un jury VAE.
Je remercie d’ailleurs tous les collaborateurs de mon équipe qui se sont fortement mobilisés pendant ces trois dernières années pour permettre aux usagers d’obtenir leur diplôme dans les meilleurs délais, et dans de bonnes conditions de réalisation d’examen, en dépit de la pandémie, et de ses contraintes liées à la prévention de la covid19.
Nous nous heurtons toutefois à de vraies difficultés pour réunir les professionnels de terrain qui composent en partie les jurys pour les candidats via la VAE. Or ceux-ci sont de moins en moins disponibles et certains employeurs hésitent parfois à autoriser leur salarié à participer à un jury alors que le code du travail le prévoit. Résultat : il est arrivé que des professionnels aient été contraints de prendre un jour de congé pour pouvoir participer à leur jury. Cela n’est pas acceptable. On espère que la réforme de la VAE va permettre de revaloriser l’indemnisation des membres du jury comme cela semble envisagé.