Faciliter l’insertion des jeunes diplômés des quartiers prioritaires

Publié le 3 mars 2016 | Dernière mise à jour le 11 mars 2016

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Pour réduire le chômage des jeunes, en priorité ceux des « quartiers prioritaires de la politique de la ville » (QPV), la Direccte Centre-Val de Loire a conclu une convention avec l’association « Nos quartiers ont des talents » pour parrainer vers l’emploi 100 jeunes diplômés (Bac+3).

Créée en 2005, l’association « Nos quartiers ont des talents » (NQT) a parrainé l’an passé au niveau national près de 5 500 jeunes diplômés. Après un accompagnement d’une durée moyenne de 7 mois, 70% des jeunes suivis trouvent un emploi [1]. Soutenue par plus d’une centaine de grandes entreprises, l’association a proposé son savoir-faire en 2015 à plusieurs acteurs de l’emploi de la région Centre-Val de Loire. Au final, deux services de l’Etat (Direccte et Drdjscs), Pôle emploi et deux collectivités (Région et Agglomération d’Orléans) ont décidé de signer avec elle des conventions d’objectifs. Tous financeurs confondus, NQT, dans le cadre de ces conventions, doit accompagner a minima 150 jeunes d’ici la fin de l’année 2016.
Ces jeunes doivent avoir un profil bien spécifique. Ils doivent être confrontés à de réelles difficultés dans leur recherche d’emploi en raison notamment de leur milieu social défavorisé et(ou) de leur absence de réseau de relations professionnelles. Mais aussi en raison d’une discrimination basée sur leurs origines ethniques, leurs sexes, leurs handicaps physiques ou leurs lieux de résidence, en particulier pour les jeunes issus des quartiers prioritaires.

103 jeunes diplômés déjà prêts à s’engager

Le 18 janvier dernier, la DIRECCTE a tenu à la Préfecture de région le 1er comité de pilotage de la mise en œuvre du plan régional de développement du parrainage de jeunes diplômés confié à l’association NQT, regroupant l’ensemble des acteurs concernés en région.
A cette occasion, Jean-Philippe GRAND, chargé du développement régional de NQT, a dressé le bilan de ses démarches de prospection entamées depuis sa prise de poste en septembre dernier. « Grâce à mes visites effectuées auprès des Missions Locales, Maisons de l’Emploi, bailleurs sociaux … ainsi qu’à des campagnes de phoning/pushmail lancées avec le soutien de Pôle emploi, 103 jeunes à ce jour nous ont donné leur accord pour s’engager dans un parrainage. D’ores et déjà, nous avons trouvé un parrain pour 56 d’entre eux. En effet, j’ai rencontré à ce jour une quarantaine d’entreprises afin de les inciter à adhérer à l’association et à mettre à sa disposition des cadres volontaires pour devenir parrain. Une dizaine se sont dites prêtes à nous soutenir ».
Il reste donc une cinquantaine de parrains à identifier mais cela ne semble pas insurmontable si l’on sait que les établissements en région de près de 50 grandes entreprises ayant adhéré à NQT (Orange, BNP, Carrefour…) viennent tout juste d’être sollicités.

Renforcer la prospection dans les quartiers

Toutefois, parmi les 103 jeunes accompagnés à ce jour, seuls 17% d’entre eux habitent dans un quartier dit prioritaire au titre de la politique de la ville (QPV).
Cette proportion est très insuffisante au regard de la convention signée par la Direccte avec NQT qui stipule que soient suivis prioritairement des jeunes issus de ces quartiers. « Près d’un jeune actif sur deux résidant en QPV est au chômage » rappelle Dorine GARDIN, Directrice régionale adjointe à la Direccte. « Il est donc primordial de concourir à leur insertion d’autant que ces jeunes diplômés peuvent eux même servir d’exemple à d’autres jeunes en leur montrant qu’il est possible de surmonter les stéréotypes négatifs pesant sur les quartiers et d’accéder à l’emploi ».
En région Centre-Val de Loire, il existe 52 QPV totalisant 153 000 habitants soit 6% de la population régionale. Problème, il est souvent difficile d’identifier sur ces territoires des jeunes diplômés qui, pour la plupart, ne sont pas inscrits à Pôle emploi. La seule solution est donc d’intensifier le « sourcing » sur le terrain via des associations locales sans oublier, comme le rappelle Jérôme BARON, chargé de mission « emploi » au SGAR, d’interroger l’Université et les Centres de Formation d’Apprentis (CFA) qui préparent des licences professionnelles. L’APEC peut aussi être un bon prescripteur puisque « 37% des jeunes ayant pris contact avec l’association sont issus des QPV ».
Reste qu’une fois identifiés, ces jeunes doivent trouver grâce au parrainage une solution positive en terme d’insertion professionnelle : il s’agit soit d’être en emploi (CDI ou CDD de plus de 6 mois, hors contrats aidés), soit de créer ou reprendre une entreprise, soit d’intégrer une formation qualifiante de plus de 6 mois ou une formation en alternance. Vu la situation économique actuelle, cet objectif peut constituer un réel challenge. Un premier bilan régional de l’opération parrainage jeunes diplômés sera présenté par l’association NQT avant l’été.

En savoir plus :

Les clés du parrainage gagnant

Depuis 10 ans, NQT a acquis un réel savoir-faire dans l’accompagnement des jeunes diplômés (> Bac + 3). Les cadres dirigeants qui acceptent de devenir parrains s’engagent à rencontrer physiquement le jeune au moins 2 heures par mois. Ils bénéficient, tout comme leurs filleuls, de E-formations spécialement conçues par NQT et disposent d’un espace numérique auquel a accès toute la communauté des parrains/filleuls afin de partager leurs bonnes pratiques.
« Le 1er contact entre le parrain et son filleul est essentiel » observe Bertrand CHEDE, responsable du développement à NQT. « Nous tenons à ce qu’il se déroule dans le bureau même du parrain au sein de l’entreprise. Le jeune doit ainsi dès le départ respecter les codes du monde du travail (costumes..). Il s’aperçoit tout d’un coup qu’un cadre dirigeant est prêt à lui consacrer du temps et cela est pour lui très valorisant. Après cette première rencontre, c’est à eux de décider des modalités de leurs échanges ultérieurs : tous les mois, tous les 15 jours, par skype, dans un café…. Bien sûr nous faisons en sorte que le parrain travaille dans un secteur ou une fonction qui intéresse son filleul. Les informations qu’il pourra transmettre à son filleul en termes de secteurs ou d’entreprises porteuses en seront d’autant plus fructueuses ».

Notes

[1CDI ou CDD ≥ 6 mois

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