Renforcer l’insertion professionnelle des travailleurs handicapés en région Centre-Val de Loire
Publié le 8 avril 2015 | Dernière mise à jour le 17 avril 2015
Afin de lancer officiellement le « Plan Régional pour l’Insertion des Travailleurs Handicapés » (PRITH) pour la période 2015-2017, un séminaire présidé par le Préfet de région a réuni le 31 mars dernier à Orléans près d’une centaine de professionnels impliqués dans sa mise en œuvre. Principale ambition de ce plan : mieux articuler entre elles les mesures de droit commun existantes ainsi que l’intervention de toutes les institutions concernées pour une meilleure prise en charge des personnes handicapées.
« « En matière de handicap, il ne s’agit plus de s’acheter une bonne conscience à bon prix » s’exclame Monsieur le Préfet en introduction de la journée. Le ton est donné ! L’insertion professionnelle des personnes handicapée doit être soutenue par des actes forts. Depuis la loi de 2005, reprend Monsieur le Préfet, « nous ne devons plus raisonner en terme d’incapacité de travail mais de capacité à travailler ». Un effort d’inclusion que chaque acteur est appelé à mettre en œuvre dans le cadre de ses politiques propres. Mais un effort qui doit être partagé et concerté de manière à rendre plus efficace l’action publique. Et c’est là tout l’enjeu d’un PRITH. « Ce programme n’est pas la liste des actions menées par chaque acteur à destination des travailleurs handicapées » insiste Patrice GRELICHE, directeur régional de la DIRECCTE Centre-Val de Loire : « il est constitué d’actions visant à mieux coordonner les interventions de chacun ».
En effet, le PRITH a été co-construit avec tous les partenaires concourant à l’insertion professionnelle des personnes handicapées, notamment l’AGEFIPH [1] , Pôle emploi, le Conseil régional, l’Agence Régionale de Santé, la Carsat [2] et la MSA [3]. Le programme porte sur 4 grands axes d’intervention : faciliter l’accès ou le retour à l’emploi des travailleurs handicapés, leur permettre de suivre des actions de formation professionnelle adaptées, favoriser leur maintien dans l’emploi, et mobiliser les employeurs, privés et publics, de manière à favoriser l’emploi des personnes handicapées. Même si ces sujets sont présentés de manière distincte, nul doute qu’ils sont très fortement liés les uns aux autres. D’ailleurs, dans tous les cas, « il importe de compenser les effets du handicap pour permettre aux personnes concernées de sécuriser leur avenir professionnel » relève Christelle PEAN, déléguée régionale de l’AGEFIPH.
Un enjeu d’autant plus prégnant que la situation des personnes handicapées sur le marché du travail continue à se dégrader : « En l’espace de 4 ans, depuis 2010, le nombre de demandeurs d’emploi handicapés a augmenté de près de 60% contre 20% pour les chômeurs n’ayant pas de handicap » rappelle Dorine GARDIN, responsable du Pôle « Economie-entreprises-emploi » à la DIRECCTE Centre-Val de Loire. Par ailleurs, les personnes handicapées inscrites à Pôle emploi cumulent des difficultés d’accès à l’emploi : en moyenne plus âgés et moins qualifiés que les autres demandeurs d’emploi, les personnes handicapées restent inscrites à Pôle emploi beaucoup plus longtemps que les autres (en moyenne 25,5 mois contre 16,1).
Des partenaires plus expérimentés
Le PRITH est un programme assez nouveau puisque le premier plan triennal a été mis en œuvre entre 2011 et 2014. Mais cette première expérience a été bien assimilée par les acteurs puisqu’ils ont pu mesurer les avancées mais également les axes de progrès à réaliser sur la thématique.
« Le PRITH nous a permis de faire des choix sur la mobilisation de nos outils, comme par exemple la détermination d’un taux majoré de la prise en charge financière des CAE au bénéfice des TH » indique Marika PETIT, responsable du service Accès et Retour à l’Emploi à la DIRECCTE Centre. « Mais il a également favorisé l’émergence de projets structurants et de démarches ad hoc des partenaires ». Témoignages à l’appui au cours de la matinée. L’Agefiph et la DIRECCTE présentent ainsi la publication d’un « guide du maintien dans l’emploi dans le secteur privé ». Puis l’UT d’Indre et Loire de la DIRECCTE expose les bonnes pratiques du partenariat local, avant que la Mission locale de Bourges ne témoigne du développement d’un réseau de référent handicap au sein de plusieurs organismes de formation de la région.
Mais pour l’élaboration du nouveau plan triennal, les partenaires ont aussi tenu compte de certains écueils de la programmation précédente. « Sur la période 2011-2013, nous avions été un peu ambitieux sur le nombre d’actions, mais dans le même temps nous avions inscrit dans le plan des actions qu’il n’était pas nécessaire de faire apparaître » constate Marika PETIT. « Résultat, nous avions valorisé certaines actions qui se seraient réalisé même sans le PRITH, sans pouvoir tenir au final tous nos engagements ». Pour la nouvelle campagne, le programme est donc plus resserré et concentré sur des actions collaboratives produisant une plus-value collective. Par ailleurs, « nous avons manqué de moyen d’animation dans le précédent plan triennal », poursuit Marika PETIT, « ce qui explique en partie l’insuffisante déclinaison du programme au niveau local ». Là encore, les enseignements ont été bien compris : un coordinateur externe [4] , dont l’intervention est cofinancée par l’Etat et l’Agefiph, a été recruté courant 2014, et les acteurs locaux ont été mieux associés à la construction du plan 2015 – 2017. « Nous avons assuré une large concertation dans chaque département » confirme en effet Thomas LEGRAND.
La force du collectif
Sans détailler le plan d’actions 2015 – 2017, il est possible de dégager une ligne de force. La collaboration dans le cadre du PRITH ne peut se résumer à du partage d’information. « Il ne s’agit pas seulement de connaître les dispositifs des uns et des autres et de piocher les outils en fonction des besoins » remarque Jacques-Alex DORLIAT, Directeur régional adjoint de Pôle emploi : « nous avons besoin de construire collectivement des solutions adaptées à ce public, et ce d’autant plus que le handicap n’est pas nécessairement le seul facteur de frein au retour à l’emploi ». Le programme s’appuie ainsi largement sur le principe de l’individualisation des accompagnements et des parcours, notamment en s’appuyant sur des espaces de travail collectif pour traiter des cas individuels.
Un point de vue qui traverse d’ailleurs tous les axes du PRITH.
« La loi du 5 mars 2014 sur la formation professionnelle réaffirme l’ambition de permettre à ceux qui en ont le plus besoin de bénéficier de formations adaptées » note ainsi Bruno Morin, directeur de la formation professionnelle au Conseil régional. Ce qui se traduira par exemple par la mise en œuvre d’une politique d’achat coordonnée et mutualisée relative à la formation et à la qualification des TH avec les différents financeurs.
« Au regard du très grand nombre d’acteurs sur le champ du maintien dans l’emploi, maîtriser l’ensemble des ressources disponibles n’est pas chose aisée » reconnaît de son côté le docteur Bernard ARNAUDO, médecin inspecteur régional du travail à la DIRECCTE Centre-Val de Loire. Mais là encore, aucun acteur ne peut à lui seul accompagner une personne en risque de perte d’emploi. « Il était essentiel de repérer les temps et les modalités d’intervention des différents acteurs » renchéri Lucie DUARTE, responsable du service social de la CARSAT « de manière à ce que chacun puisse prendre le relais selon son champs de compétence ».
Quant à la mobilisation des acteurs économiques, il est prévu d’organiser dans chaque département des actions concertées avec les employeurs et leurs représentants. « Il y a un gros travail à conduire sur les représentations des chefs d’entreprises et de leurs salariés » remarque Jacques Roger, Directeur de l’Unité territoriale de la DIRECCTE dans le Cher. « En effet, ces derniers sont parfois les premiers à faire preuve d’ostracisme à l’encontre d’un nouveau salarié en situation de handicap ». Le PRITH prévoit d’outiller à ce sujet les membres des CHSCT ainsi que les organisations syndicales départementales, même si bon nombre d’entre elles disposent d’ores et déjà en leur sein d’un référent « handicap ».
Notes
[1] L’Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées
[2] Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail
[3] Mutualité sociale agricole
[4] Thomas Legrand Consultants : 06 16 28 81 85 / prith.centre@gmail.com / http://www.thomas-legrand-consultants.fr/