Un filleul, un parrain : le coup de pouce gagnant vers l’emploi !
Publié le 12 avril 2024 | Dernière mise à jour le 27 mars 2024
- Christelle FAVERGEON
« Ce dispositif qui a fêté l’an dernier son 30ème anniversaire est un formidable moyen de lutter contre les discriminations et de promouvoir l’égalité des chances pour des personnes qui ne disposent pas de réseaux professionnels et ne maîtrisent pas forcément tous les codes de la vie en entreprise » souligne Christelle FAVERGEON, responsable du Pôle « Emploi-Economie-Compétences » à la DREETS.
« Il a fait ses preuves puisque 68% des filleul(e)s après leur accompagnement obtiennent un emploi durable ou suivent une formation. Mais attention, le parrainage n’est pas un dispositif d’orientation. Les filleul(e)s doivent avoir un projet professionnel validé avant de rencontrer leur parrain ou leur marraine ».
Souplesse dans les modalités de suivi
- Hocine HADJAB
Le ministère du travail et l’Agence nationale de la cohésion des territoires ont procédé en mars 2023 à une évaluation du dispositif qui a bénéficié en France à plus de 33 000 personnes en 2021, soit + 11% par rapport à 2017. « Les conseillers en insertion professionnelle de France Travail et des missions locales sont les principaux prescripteurs de la mesure » indique Hocine HADJAB, Chef adjoint du Pôle Cohésion sociale à la DREETS. « Pour eux, le parrainage est un plus qui enrichit le suivi du demandeur d’emploi. L’autre atout du parrainage réside dans sa souplesse de mise en œuvre. Certes, le parrain et son filleul doivent se rencontrer au moins une fois par mois mais ils sont libres de choisir le lieu, le jour et les modalités de l’échange : par téléphone, en visio, en présentiel… »
Des parrains, marraines aux profils variés
- Christophe LARQUEY, directeur OREC 18 et sa collaboratrice
A Vierzon, OREC 18, association spécialisée dans l’accompagnement et la sécurisation des parcours professionnels, a candidaté pour la 1ère fois l’an passé à l’appel à projet annuel de la DREETS. « A ce jour, nous avons réussi à parrainer 20 personnes » témoigne Christophe LARQUEY, son directeur. « La moitié d’entre elles réside dans le quartier prioritaire de la ville (QPV). On a fait le choix de choisir des parrains ou des marraines en activité avec des profils très variés. Cela va d’un gérant d’une entreprise de BTP, à un patron de start’up, en passant par une directrice de CCAS ou une enseignante. Nous les réunissons tous les deux mois lors d’un petit déjeuner de 8H30 à 10H00. Ils sont très demandeurs de pouvoir partager entre eux leur expérience en tant que parrain ou marraine. Nous avons aussi élaboré un livret de suivi des échanges entre parrain et filleul qui est conservé aux choix par l’un ou l’autre ».
30 réfugiés parrainés
Autre structure invitée à témoigner, l’association KODIKO accompagne vers l’emploi depuis 2017 des personnes étrangères ayant obtenu le statut de réfugié. Originalité de l’accompagnement : KODIKO sollicite des entreprises pour qu’elles permettent à ses salariés de devenir parrains/marraines via des conventions de mécénat de compétences. « En 2023, nous avons suivi une promotion de 30 réfugiés qui ont bénéficié d’un parrainage » précise Eléonore GERMAIN responsable du développement territorial à KODIKO. « La rencontre entre le filleul et son futur parrain est un moment clé et pour qu’elle se déroule au mieux, nous demandons aux parrains de remplir un questionnaire détaillé, listant leurs expériences professionnelles, leurs compétences, leurs hobbies… Ensuite, nous les invitons à une matinée de formation au cours de laquelle nous les informons sur les spécificités de ces réfugiés qui se retrouvent déracinés de leur pays d’origine et qui, pour certains, ne maîtrisent pas encore bien le français. Enfin, l’après-midi, nous procédons à la mise en relation des binômes parrain/filleul et leur demandons d’élaborer ensemble une feuille de route de leurs prochains rendez-vous ».
KODIKO échange par ailleurs une fois par mois en Visio avec chaque parrain à qui il est demandé de formaliser par écrit après chaque rencontre les thématiques sur lesquelles il a travaillé avec son filleul. « Plus nos parrains sont soutenus, mieux ils accompagnent » remarque E. GERMAIN. « Résultat : 92% d’entre eux disent vouloir se réengager au terme des 6 mois de leur parrainage. Vous savez, pour un réfugié on estime à environ 5 ans le temps passé entre l’obtention du statut et une insertion professionnelle durable. Grâce au parrainage ce délai est nettement réduit et 70% de nos réfugiés parrainés parviennent à obtenir un emploi ou une formation ».
Le rôle clé du conseil en insertion professionnelle
- Maude ROMANET, directrice de la mission locale (au micro) entourée de 2 collaboratrices et accompagnée d’un parrain et d’une filleule
A Romorantin, la mission locale s’est impliquée dans le dispositif depuis septembre dernier. Elle a organisé une soirée réunissant environ 80 partenaires économiques locaux à qui ont été présentés des jeunes à parrainer. « Nous avons « recruté » 31 parrains et certains d’entre eux nous ont clairement dit qu’une de leur motivation était faire connaître leurs entreprises et de partager leurs expériences tout en se constituant un vivier de candidats potentiels pour leurs besoins » précise Maude ROMANET, directrice de la mission locale. « Nous n’avons pas pour notre part élaboré de carnet de suivi pour les binômes. Chez nous, c’est un conseiller en insertion professionnelle qui organise la première rencontre entre parrain et filleul et qui voit si cela matche. Il s’assure ensuite chaque mois auprès du jeune que cela se passe bien. »
Des binômes réunis selon une logique métier
- Laure LOISEAU parrainée par Stéphane SAMSON
« Je cherche un emploi dans un secteur très concurrentiel, le marketing, et je souhaitais trouver un parrain qui connaît bien le domaine » témoigne Laure LOISEAU qui vient de terminer son master en marketing en alternance au sein de l’association régionale Dev’UP. La mission locale l’a mise en relation avec Stéphane SAMSON qui anime le groupe industriel régional (GIR) Sologne-Berry-Touraine et elle en est ravie. « J’ai moi-même un diplôme en marketing et près de 20 ans d’expérience » indique son parrain. « Je l’accompagne depuis un mois et déjà je m’aperçois que Laure m’apporte une expertise en présentation graphique que je n’ai pas ».
- Jordan MFOUNA, avec une marraine de Pass Emploi Service
A Orléans, l’association Pass’ emploi service parraine chaque année environ 80 personnes, résidents majoritairement (à 90%) dans un quartier prioritaire de la ville. « On demande si possible à chaque parrain, marraine de prendre en charge deux filleuls et on préconise deux rencontres par mois » explique Jordan MFOUNA, responsable du parrainage. « Pour faciliter la formation des binômes, on a organisé un évènement ludique. Les filleuls et parrains/marraines participent à un quizz géant dans un décors de salle de classe où je joue moi-même le professeur ».
Appel à projet 2024
L’appel à projet est ouvert du 14 mars 2024 au 26 avril 2024.
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