Garantie jeunes : en route vers l’autonomie
Publié le 8 septembre 2017 | Dernière mise à jour le 27 septembre 2017
A fin juillet 2017, 4105 jeunes de la région Centre-Val de Loire étaient entrées dans le dispositif lancé en 2015. Conformément à la cible visée, ces jeunes étaient sortis du système scolaire (82% n’avaient pas leur BAC) et n’étaient ni en emploi, ni en formation professionnelle. Ils étaient de surcroît en situation de grande vulnérabilité financière, sociale et (ou) familiale. « Fin 2016, 68% des 338 jeunes ayant terminé leur parcours en « Garantie jeunes » étaient classés en sorties positives [1], soit 15 points de plus qu’au niveau national » indique Marika Petit, responsable du service « Accès et Retour à l’Emploi » à la Direccte Centre-Val de Loire. « Cela veut dire qu’ils se retrouvaient soit en emploi, pour un tiers d’entre eux, soit en formation (8%) ou en contrat en alternance (2%), soit qu’ils avaient passé au moins 4 mois d’immersion en entreprise et qu’ils étaient désormais en capacité de valoriser cette expérience dans le cadre de leur recherche d’emploi ».
Se confronter au monde du travail
Le succès d’un parcours en Garantie jeunes (GJ) repose en premier lieu sur l’engagement réciproque entre le jeune et son référent à la Mission locale. En effet le jeune doit s’engager à s’investir pleinement dans les ateliers collectifs qui lui sont proposés, à suivre l’accompagnement personnalisé mis en place par son référent, à rechercher des opportunités d’emploi et à accepter des mises en situation professionnelle. Celles-ci sont essentielles car le dispositif est basé sur le principe de « l’emploi d’abord » et l’objectif est que tout jeune puisse passer au moins 4 mois en entreprise au cours des 12 mois d’accompagnement.
« Un cadre d’entreprise parraine systématiquement chacune de nos promotions de jeunes entrés dans un parcours GJ » précise la Raphaelle Chevereau, directrice de la mission locale d’Orléans. « Il leur présente son entreprise et leur donne des clefs pour entrer en contact avec des employeurs. Dès son lancement, le dispositif a été bien accueilli et nous avons eu des propositions spontanées de chefs d’entreprise pour intervenir auprès des jeunes ». A Loches, Enedis (ex ERDF) s’implique auprès de chaque promotion. « Un professionnel leur explique les missions du groupe et anime un atelier pratique sur le risque électrique. Cela permet d’engager le dialogue avec les jeunes » explique Marie Rondwasser, directrice de la Mission locale. « Nous avons aussi organisé un défi jeunes entreprises afin de casser les représentations toutes faites qu’employeurs et jeunes peuvent avoir l’un de l’autre. Dans ce cadre, des équipes composées d’un chef d’entreprise et de jeunes affrontent ensemble des épreuves sportives. Cela crée des liens ».
L’intérim comme marchepied
En Indre-et-Loire, une convention a été conclue entre les Missions locales et Prisme, le syndicat professionnel des établissements de travail temporaire. Sur Tours, une dizaine d’agence d’intérim viennent ainsi à tour de rôle expliquer aux jeunes les spécificités de leur métier afin de les inciter à s’inscrire en agence. Le 24 novembre 2016, un forum de l’intérim a même été organisé dans les locaux de la Mission locale où 6 agences tenaient un stand et proposaient de nombreuses opportunités d’emploi. La Mission locale de Pithiviers a signé pour sa part des conventions avec Adecco et Leader. Ces deux agences lui envoient régulièrement la liste de leurs entreprises clientes susceptibles d’accueillir des jeunes pour une première immersion dans le monde du travail.
Coopération et entraide
Un des autres atouts de la GJ réside dans les temps d’accompagnement collectifs proposés aux jeunes. « A Orléans, nos promotions intègrent des profils très divers » note Raphaelle Chevereau. « Il y a des jeunes ayant quitté le collège en 3ème mais aussi des Bac + 2, des jeunes issus des « quartiers politique de la ville » et d’autres ayant toujours vécu en milieu rural. C’est ce qui fait la richesse du dispositif car très vite apparait une forte solidarité au sein du groupe. Entraide et coopération sont des valeurs que nous essayons de promouvoir et cette dynamique peut redonner confiance en soi à des jeunes qui étaient en voie de désocialisation ».
Par ailleurs, pour aider les jeunes à gagner en autonomie, des ateliers pratiques leur sont proposés sur les thèmes du logement, de la santé, de la citoyenneté, de la gestion de leur budget…. L’aide financière mensuelle qu’il perçoive au titre de la mesure [2] leur permet aussi de surmonter plusieurs obstacles (disposer d’un logement, acquérir un véhicule ou un autre moyen de transport…) et de se concentrer sur leur parcours d’insertion durant 12 mois. Certes, au bout d’une année, tous ne seront pas encore en mesure de voler de leurs propres ailes mais ils auront progressé vers une certaine indépendance et auront été confrontés au monde du travail.
Une démarche exigeante
« S’inscrire dans un parcours GJ, c’est une démarche très exigeante car elle nécessite un investissement important au quotidien » remarquaient plusieurs responsables de Missions locales le 23 juin lors d’une réunion du réseau régional. Or certains jeunes, en phase de désocialisation ou en grande précarité, ne sont pas en mesure de se mobiliser 6 heures par jour ou de supporter des sanctions en cas de non-respect des horaires. Les conseillers des Missions locales essayent donc de repérer au plus tôt ce type de profil afin d’éviter de les inscrire dans un parcours GJ qui risquerait de les mettre en situation d’échec. Ils leur proposent plutôt un accompagnement individuel classique plus adapté.
Une étude du Centre d’études de l’emploi (voir encadré ci-dessous) a d’ailleurs permis d’identifier ce type de jeune. En effet, les chercheurs ont mis en évidence trois parcours types de jeunes ayant bénéficié de la GJ : Si les deux premiers s’avèrent être positifs puisqu’ils se soldent soit par une insertion professionnelle réussie, soit par une « préparation sociale à l’emploi » prometteuse, le troisième met en exergue des jeunes cumulant des problèmes de santé, des freins psychologiques, ainsi que souvent une précarité résidentielle et (ou) économique. A l’évidence la GJ n’est pas adaptée à ces jeunes-là qui disent « ne pas être disponible pour s’engager dans une recherche d’emploi alors qu’ils ont à gérer des urgences vitales ».
Pour en savoir plus sur le dispositif "Garantie Jeunes"
En savoir plus :
La Garantie Jeunes en action : usage du dispositif et parcours de jeunes
Un 4 pages du « Centre d’études de l’emploi » publié en décembre 2016 présente les résultats d’une étude qui évalue les effets de la mesure sur les parcours des jeunes.
Trois parcours types vis-à-vis du marché du travail se dégagent.
Le premier aboutit à une réelle insertion professionnelle bien que précaire (CDD et intérim). Un deuxième amène les jeunes aux abords de l’emploi et leur redonne confiance sans créer de véritable dynamique. Le dernier ne fait pas évoluer leur situation, tant ils sont « empêchés » par des problèmes physiques, psychiques, sociaux et économiques.